Histoire naturelle Linné
Documents anciens d'histoire naturelle |
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LINNE. Au commencement du XVIIIe siècle naquit un homme qui devait surpasser tous ses contemporains dans l'étude de la nature. C'est Charles Linnaeus, né à Roeshult (Suède), le 24 mai 1707, et mort à Upsal, le 10 janvier 1778. Dans sa jeunesse, il eut à lutter contre les plus grands obstacles : son amour persévérant de la science en triompha. Il trouva alors de puissants protecteurs qui lui assurèrent une position honorable pendant toute sa vie. Il devint, en 1741, professeur de botanique à l'université d'Upsal, place qu'il occupa jusqu'à sa mort. Au nom de Linné se rattachent les noms les plus illustres du XVIIIe siècle dans les sciences : Stobaeus, Celsius, Boerhaave, Cliffort, B. de Jussieu, de Géer, Haller, Adanson, Buffon, etc., furent ses maîtres, ses protecteurs, ses amis, et aussi, surtout les trois derniers, ses censeurs. Dés son enfance, Linné s'occupa d'histoire naturelle. A l'âge de 23 ans, il publie son « Hortus Upsaliensis » où l'on trouve les premières indications de la méthode sexuelle. En 1735, paraît le Systema naturoe, vaste tableau des trois règnes. Avant Linné, pas d'espèces exactement définies, pas de méthodes rigoureuses, de plan uniforme, de termes précis, etc. On en avait senti un vif besoin : Césalpur, Gessner, Tournefort, Kay, Charleton le témoignent. Mais quelle distance entre leurs oeuvres et le Système de la nature! Voici, en résumé, la division de ce travail : le règne minéral se divise en pierres, comprenant les sels, les combustibles et les métaux, et en fossiles, comprenant les terres, les concrétions et les pétrifications. Le règne végétal est divisé, d'après la méthode sexuelle, fondée sur la position relative, sur la proportion, sur la connexion et le nombre des étamines et des pistils. Le règne animal se divise en quadrupèdes, oiseaux, reptiles, poissons, insectes, vers. Cette dernière classe (Vermes) comprenait tous les animaux que Linné n'avait pu classer. La botanique fut l'objet de quelques ouvrages dont nous allons indiquer les litres et le contenu. Les Fundamenta botanicoe (1736) résultat de sept années d'études, contiennent, en 365 aphorismes, la classification des auteurs et des systèmes, des parties des plantes, et surtout de celles de la fructification. Linné décrit ensuite le sexe, le mode de fécondation ; puis il donne des règles assurées pour les caractères, les noms, les espèces différentes, les synonymes, etc. La première partie de cet ouvrage (auteurs et systèmes) fut complétée par la Bibliotheca botanica (1736). Le choix et la création des noms sont expliqués dans la Critica botanica (1737) . Enfin, il donna dans trois ouvrages successifs (Gênera, Species, Classes Plantarum, 1737-38), les caractères des classes, des genres, des espèces des plantes, d'après la méthode sexuelle. Quinze ans après, un livre résuma toute la doctrine de Linné : c'est la Philosophia botanica. Il eut un succes remarquable dans toute l'Europe. On sait ce qu'en a dit J. J. Rousseau. C'est en botanique que Linné s'est acquis le plus de gloire. Encore aujourd'hui l'on suit sa nomenclature. C'est lui qui a proclamé tout le brillant système le la méthode sexuelle, dont l'invention ne lui appartient pas ; c'est a Millington (d'Oxord) Bobart (1681), Grew, et à notre Vaillant, que revient cet honneur. Dans une lettrede Burkhardt de Wolfenbüttel, à Leibnitz (1702), la méthode est indiquée avec les considérations que Linné fit depuis. Cet ingénieux système a été détrôné par la méthode naturelle, étudiée, après Tournefort, par Adanson et les deux Jusssieu. En zoologie, Linné établit des divisions plus conformes aux rapports naturels. Le premier, il caractérisa et nomma les espèces particulières des insectes Mais déjà de son vivant, Pallas et Fabricius le surpassèrent dans cette branche sa classification fut complétée et établie sur des bases certaines par Daubenton, En minéralogie, il doit céder la palme à Cronstedt, Vallerius. Il fit connaître l'importance des ormes cristallines, mais ne connut pas ces formes, à cause du degré d'infériorité de la science chimique d alors. Les autres ouvrages de Linné sont : de nombreuses relations de voyages scientifiques; qui donnèrent lieu à la publication de quelques Flores (de Suède, de Laponie, etc.) ; une histoire générale de tous les animaux de la Suède : Fauna Suecica. Linné acquit l'herbier de Jean Burmau, de Ceylan et publia à ce sujet la Flora Zeylanica Zellanica. Enin, il publia le manuscrit de son ami Arledi qui se noya à Amsterdam : Ichthyologie (1738, Leyde). Mentionnons encore la classification des maladies, ainsi que de nombreuses recherches médicales. Enfin, il publia quelques Musoeum, et réunit toutes ses dissertations en six volumes, augmentés par Schreber, sous le nom d'Amoenitates academiae (1749-1763). Pour bien apprécier l'oeuvre de Linné, il faut se reporter au temps où il vécut. Aujourd'hui, sa voix n'a plus la même autorité. On l'oublie quelquefois, et à tort ; car c'es lui qui, par une vie consacrée tout entière à l'étude de a nature a donné à cette science la plus vive impulsion, et a prépare les grands travaux de la fin du XVIIIe et du commencement du XIXe siècle. A. C. |
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