Histoire naturelle Le tabac, sa culture, sa fabrication
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LE TABAC, SA CULTURE, SA FABRICATION.
L'usage que l'on a fait du tabac et la forme sous laquelle on a employé cette plante ne furent pas partout les mêmes. Des hommes de l'équipage de Colomb, envoyés par l'amiral pour explorer l'île de Cuba, lui rapportèrent qu'ils avaient rencontré sur leur route beaucoup d'Indiens, hommes et femmes, portant un petit tison allumé, composé d'une sorte d'herbe dont ils aspiraient le parfum. Las Cazas, contemporain de Colomb, donne des détails sur ce fait dans son Histoire générale des Indes (chap. XLVI). « L'herbe dont les Indiens aspirent la fumée est, dit-il, bourrée dans une feuille sèche; les Indiens l'allument par un bout et hument par l'autre en aspirant intérieurement la fumée avec leur haleine, ce qui produit un assoupissement dans tout le corps et dégénère en une sorte d'ivresse. Ils prétendent qu'alors on ne sent plus la fatigue; ces tabacos, comme ils les appellent, sont en usage parmi nos colons. » D'après d'autres auteurs, les Indiens ne se seraient servi du tabac que comme remède. Au Brésil, la fumée du tabac servait à enivrer les augures; cette vapeur stimulante jouait aussi un grand rôle dans les assemblées publiques : on soufflait des bouffées de tabac sur la figure de l'orateur pour le préparer aux bons conseils. De nos jours encore, les Orientaux présentent la pipe à leurs amis. L'introduction du tabac en Europe date du milieu du XVIe siècle. En 1560, l'ambassadeur de François II auprès de Sébastien, roi du Portugal, ayant reçu d'un marchand flamand, revenu d'Amérique, l'herbe en question, la présenta au grand-prieur à Lisbonne, puis à Catherine de Médicis, à son retour en France. A partir de cette époque, l'usage du tabac se répandit rapidement dans toutes les parties de l'ancien monde. Amurat IV, empereur des Turcs, ainsi que le czar de Russie et le shah de Perse se virent même bientôt obligés d'en défendre l'usage dans leurs Etats sous peine d'avoir le nez coupé, ce qui ferait croire que l'habitude de priser était alors la plus répandue. En 1604, par une bulle d'Urbain VIII, tous ceux qui prisaient dans les églises furent excommuniés. Les évêques renchérirent encore sur les ordres du successeur de saint Pierre; nous lisons dans les anciennes Constitutions synodales de Bartholomé de la Camara, évêque de Salamanque l'article suivant : Que les prêtres ne prisent pas avant de dire la messe, ni deux heures après ; défense au clergé et aux paroissiens de priser dans les églises, sous peine d'excommunication et de 1000 maravédis d'amende chaque fois qu'ils commettraient un pareil crime. » Nancy. E. Bagneris. (A suivre.) |
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