Histoire naturelle La charité enseignée par les insectes
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LA CHARITÉ ENSEIGNÉE PAR LES INSECTES. Il m'est arrivé très souvent de nourrir des Dytisques, Acilius, Ilybius et autres insectes d'eau dans un aquarium. En ce moment même, j'ai un assez grand nombre de Dytiscides et Hydrophilides vivants. Sitôt qu'un Dytisque, le mâle surtout, est à portée d'un autre, il s'élance sur lui et s'y attache avec les ventouses de ses tarses. Si c'est une femelle, il s'accouple aussitôt avec elle; si c'est un mâle, il cherche souvent à le dévorer, mais ses robustes mandibules ne font que glisser sur la dure carapace de son adversaire, à moins qu'il ne morde les côtés de l'abdomen; alors il s'engage une lutte bientôt terminée, car les insectes reconnaissent qu'ils cherchent en vain à se mordre. Mais si un Dytisque rencontre un de ses semblables mort, il applique ses mandibules et ses palpes sur toutes les parties de son corps, jusqu'à ce qu'il trouve un endroit facile à attaquer : alors il se met à le déchirer. Pendant ce temps, uniquement occupé de sa proie, il pense rarement à se cacher, et le plus souvent il monte à la surface de l'eau, non pas pour porter secours à l'autre, mais pour pouvoir manger et respirer à son aise. Car j'ai remarqué que les insectes d'eau, lorsqu'ils mangent, cherchent toujours à mettre leurs stigmates en contact avec l'air libre. Ce que je dis là sur les Dytisques peut également se dire des Acilius, Ilybius et autres, qui m'ont montré les mêmes habitudes. Ainsi, je me suis convaincu plus d'une fois que si certains insectes d'eau portaient leurs semblables morts à la surface de l'eau, c'était pour les manger à leur aise. Cependant je ne voudrais pas affirmer que ces bestioles n'ont aucune bienveillance les unes pour les autres. Évreux. M. -A. Régimbart. |
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