Histoire naturelle Georges Guvier
Documents anciens d'histoire naturelle |
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GEORGES CUVIER. En étudiant la vie de Cuvier, on est saisi d'un profond respect devant celle activité si grande et si variée, devant ces travaux impérissables, devant cet amour infatigable de la science ! Quel bel exemple ne fournit-il pas aux générations présentes ! Sa vie est une grande preuve de la vérité de cette parole : Tout par le travail, loi de la vie ! Georges Cuvier est né à Montbéliard, le 23 août 1769, et mort à Paris, le 13 mai 1832. Après avoir terminé à 14 ans ses études classiques, il fut adopté par le duc Charles de Wurtemberg, qui le plaça à l'académie de Stuttgart. Nous citerons de cette époque son journal zoologique qu'il composa seul pendant ses heures de récréation. De 1788-1795 nous le voyons en Normandie comme précepteur. L'abbé Tessier le fit sortir de cette retraite en le recommandant aux sommités de la science d'alors. Arrivé à Paris, il obtint bientôt des places avantageuses; il se fit connaître; on l'aima, et peu à peu il parvint à cet empire intellectuel qu'il garda pendant près de quarante ans. (Pour plus de détails sur sa vie, voir les travaux de MM. Laurillard, Bourdon, Flourens, Goguel, de Mme Sarah Lee, etc.) L'ensemble des travaux de Cuvier peut se diviser en cinq groupes : 1) zoologie ; 2) anatomie comparée ; 3) ossements fossiles ; 4) histoire des sciences naturelles ; 5) éloges, discours, rapports, etc. Zoologie. — On se rappelle la classe des vers de Linné. Dans un mémoire (1795), Cuvier sépare les animaux à sang blanc qui la composaient en six grandes classes. Là déjà se montrent ses vues élevées sur la subordination des caractères. Viennent ensuite les études sur les mollusques, les zoophytes, la nutrition des insectes, l'appareil circulatoire des vers, etc. Tous ces travaux se fondent en un seul : Le règne animal distribué d'après son organisation (1817). C'est là qu'au moyen de la méthode il coordonna toutes ses découvertes. C'est là qu'il fonda ces divisions si nettes que l'on suit encore aujourd'hui. Mais pour Cuvier, le système n'était pas complet; il aurait voulu décrire toutes les espèces. Pour donner un modèle de l'application de ce système, il entreprit l'histoire naturelle des poissons. Bloch et Lacépède avaient 1400 espèces. Cuvier en décrit jusqu'à 5000. Malheureusement il ne put terminer cet ouvrage : son élève, M. Valencienne, le continua. Ce qu'il y a de plus remarquable dans cet ouvrage, c'est l'application des principes élevés de Cuvier sur la classification des animaux. Anatomie comparée.— Peu avant sa mort, Cuvier méditait un grand ouvrage où il eût recueilli tous les résultats de ses études d'anatomie comparée. Cet ouvrage, il n'a pu le composer. Mais il nous a laissé cependant sur cette matière un grand nombre de mémoires, et surtout ses leçons, recueillies par Duméril. On sait qu'Aristote a fondé celle science, que Perranel, Daubenton, Haller, Vicq d'Azir, elc, la portèrent à un degré assez élevé de développement. Les faits étaient là : Cuvier les coordonna et en fit sortir les lois de l'organisation. La découverte de ces lois fait la gloire de Cuvier. C'est ainsi qu'il perfectionna la théorie de la formation des dents, qu'il fit connaître l'organe de la voix des oiseaux, les métamorphoses des grenouilles, les rapports du cerveau avec l'intelligence, etc. Paléontologie.—Mais la plus grande découverte de Cuvier, c'est cette science si belle et si féconde. Bernard Palissy l'avait pressentie : le modeste potier est mort à la tâche. LeXVIIIe siècle vit cette étude faire des progrès surprenants. Cuvier devait lui donner le couronnement. Sa découverte la plus brillante est celle des ossements fossiles des quadrupèdes. Rien de plus intéressant que l'histoire de ces recherches laborieuses de tant de savants pour arriver à cette solution que l'homme de génie trouva le premier et qu'il exposa, en pluviôse de l'an IV, en ces mots : « Ces espèces, elles ont toutes appartenu à des êtres d'un monde antérieur au nôtre, à des êtres détruits par quelque révolution du globe, à des êtres dont ceux qui existent aujourd'hui ont rempli la place. » A l'aide des lois que lui fournit l'anatomie comparée, il détermine ces ossements: il fait l'histoire de ces trois populations du globe. Tous ces résultats sont consignés dans un grand nombre de mémoires et dans les ouvrages intitulés : Recherches sur les ossements fossiles (1812-1825) et Discours sur les révolutions de la surface du globe (1825). Histoire des sciences naturelles. — Les leçons de Cuvier sont une magnifique étude sur la marche de l'esprit humain dans les sciences. Par là, l'histoire de l'homme marchait de pair avec celle des choses. La philosophie occupe une grande place dans ces leçons. Cuvier tenait à combattre la philosophie allemande de là nature. Plusieurs mémoires sont consacrés à la réfutation de la théorie de l'unité de composition appliquée aux formes des êtres organisés ou de leur dérivation comme d'un type unique. Il n'admettait pas l'échelle des êtres. La théorie pour lui venait après le fait. C'est lui qui a dit : « On doit considérer l'édifice des sciences comme celui de la nature : tout y est infini, mais tout y est nécessaire. » Mentionnons, enfin, ses éloges des membres de l'Académie des sciences, au nombre de 39, où l'on remarque surtout les qualités du style; ses nombreux discours académiques; enfin, ses rapports administratifs, où le grand naturaliste se montre aussi grand administrateur. Je n'ajouterai aucun commentaire à ce tableau trop informe des travaux de Cuvier : il parle assez de lui-même. Je n'ajouterai qu'un détail : la science de Cuvier ne le conduisait pas au matérialisme; bien au contraire, plus il étudiait les lois de la nature, plus il y découvrait leur Auteur ! C'est une preuve éclatante que la science bien comprise est un témoignage puissant de l'existence de Dieu. A. C. |
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