Histoire naturelle Des herborisations et des herbiers
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DES HERBORISATIONS ET DES HERBIERS. Une herborisation est une excursion faite dans la campagne pour la recherche des plantes. Au sujet des herborisations, on peut se demander : 1° quelles sont les époques de l'année où l'on doit les entreprendre, et où on les fait avec le plus d'utilité; 2° quelles sont les localités à explorer plus particulièrement dans telle ou telle saison; 3° quel est le temps le plus propice; 4° quels sont les objets les plus utiles ou les plus indispensables dont le botaniste doit se munir pour obtenir la meilleure récolte de plantes; enfin, 5° quelle est la manière de récolter les plantes, et quelles sont les portions de celles-ci qu'il faut plus particulièrement choisir pour l'herbier. D'abord quelles sont les époques de l'année où l'on doit entreprendre les herborisations? On doit herboriser en toute saison, si le but que l'on se propose est de se procurer la flore ou collection complète des espèces d'une localité déterminée. Chaque saison, chaque mois, et pour ainsi dire chaque semaine voient fleurir leurs espèces spéciales. En hiver, ne voyons-nous pas les ellébores, l'héliotrope d'hiver, qui les suit de près? Aux premiers jours du printemps apparaissent la violette, la primevère, le crocus doré. etc. Ainsi le botaniste qui veut réunir une collection complète des plantes qui composent la flore d'une localité, ne saurait négliger aucune saison. Mais si l'herborisation a pour but spécial la plus ample récolte d'espèces ou d'individus, on devra choisir surtout le mois de mai (mois des fleurs), puis les mois de juin et juillet. En second lieu, dans chaque saison, les localités que le botaniste devra le plus particulièrement visiter, varieront. En hiver, il recherchera les lieux exposés au midi ou ceux abrités contre le vent. Au printemps, il se hâtera d'aller visiter les lisières des bois, les terrains en pente qui regardent au midi, les terres sèches. En été, les endroits ombragés, le sol frais ou humide, le bord des ruisseaux, etc. En automne enfin, les excursions ne devront pas être aussi localisées que dans une autre saison, parce que les espèces sont plus uniformément répandues. Il suit de là qu'il est essentiel pour faire une judicieuse herborisation, de connaître l'habitat de telle ou telle espèce. Telle ne vit que dans les bois, telle autre sur le sol nu, etc. En troisième lieu, quel est le temps le plus propice pour l'herborisation? Une des conditions les plus essentielles pour que la plante entre dans l'herbier de manière à y être bien conservée, est qu'elle ne soit point humide, et ici, par humidité nous ne voulons pas entendre celle qui. existant normalement dans son tissu, est due à la présence des sucs nourriciers en circulation dans ses vaisseaux, nous voulons indiquer seulement l'humidité qui peut survenir accidentellement à sa surface, par exemple, celle qu'apportent la rosée, la pluie, ou l'eau dans laquelle l'espèce aurait vécu. La présence de l'humidité superficielle nuirait à une bonne dessiccation, ou même dans quelques cas, pourrait inutilement l'empêcher, la putréfaction s'emparant de l'individu dans la période de temps que l'on accorde généralement à l'opération de la dessiccation. Du reste, un sujet cueilli à l'étal humide garde plus sûrement qu'un autre sa couleur en se desséchant. Il faut donc autant que possible que l'herborisation ait lieu en temps sec. Quels sont maintenant les objets nécessaires au botaniste pour la récolte des plantes? — Un instrument pour extraire les plantes du sol — une boîte pour les serrer — quelques feuilles de papier pour presser de suite celles qui sont les plus délicates. La boîte du botaniste est en fer-blanc verni; elle a la forme d'un cylindre légèrement aplati ; ouverte dans son milieu sur l'une des faces aplaties, elle est munie en cet endroit d'un couvercle à charnière. Sa longueur peut être de 5 décimètres ; dans son plus grand diamètre, elle doit avoir 10 à 12 centimètres. : Une simple houlette suffira au botaniste pour extraire les plantes. Elle est souvent utile lorsque l'on veut avoir les racines. Le botaniste doit être muni d'un cahier de papier pour serrer immédiatement les espèces qui souffriraient trop d'un long transport. Le format le plus ordinaire est le grand in-4°. Muni de ses instruments, le botaniste part à la recherche des plantes dont il veut enrichir sou herbier. Comme cette récolte est soumise à quelques régies, nous allons les exposer brièvement. Autant que possible il faut que la plante soit représentée dans l'herbier avec toutes ses parties, telle qu'elle se trouve à l'état vivant. Les principaux organes qu'il faut représenter sont ceux de la reproduction; cependant on peut aussi avoir besoin des autres parties de la plante; la forme et la disposition des feuilles, les dimensions, la structure de la tige, la nature de la racine, pouvant être d'un utile secours. La racine bulbeuse, par exemple, est caractéristique des orchidées, des liliacées, etc.; dans la famille des labiées, la tige est carrée, dans les graminées, elle est noueuse, tubulée à l'intérieur. Le bulbe dans une orchidée, la tige dans une labiée, le chaume dans une graminée, sont donc indispensables à l'herbier aussi bien que la fleur dans ces mêmes familles. Il est souvent utile aussi de se procurer le fruit et la graine de certaines espèces. Nous citerons, comme exigeant absolument la conservation du fruit, la famille des ombellifères. Ainsi le botaniste recueille la plante en entier s'il est possible, ou n'en prend que les parties principales si le sujet est hors de proportion. On peut encore plier en deux une espèce trop grande. Les plantes récoltées sont successivement introduites dans la boîte, toutes les racines du même côté. A mesure que leur nombre augmente, leur conservation devient plus facile. Or, celle condition n'est pas indifférente à certaines époques de l'année, où la chaleur du soleil agirait trop vivement sur le contenu de la boîte, s'il n'était représenté que par quelques individus. Rentré chez lui, le botaniste va commencer la tâche qui concerne plus spécialement l'herbier. Nancy. E. Bagneris. |
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