Histoire naturelle
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Le Martinet et son nid



Documents anciens d'histoire naturelle
tiré de "Feuille des jeunes naturalistes" 1870-1914
attention de nombreuses informations peuvent ne plus être d'actualité
 

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LE MARTINET ET SON NID.

A la fin d'avril, bien après le retour de l'hirondelle, nous voyons apparaître dans nos villes, volant autour de nos grands édifices, de nos clochers, des oiseaux assez semblables à cette messagère du printemps. Tellement semblables que le vulgaire les confond encore assez souvent.

Le naturaliste a créé pour eux un genre, même une famille à part. Ils rentrent, comme l'hirondelle, dans le sous-ordre des fissirostres et servent de type à la famille des Cypsélinées. Ce sont les martinets (Cypselus apus). Nous parlerons d'abord de leur faciès et de leurs moeurs, et nous viendrons ensuite au point capital de cette notice, au nid.

Ils sont plus grands, plus forts que l'hirondelle. Leur plumage, tout entier d'un noir de suie, est très épais, très serré. Il présente une particularité remarquable. Autour de l'anus existe un espace parfaitement circulaire, de 5 ou 6 millimètres de diamètre, complètement nu. Le bec est très largement fendu, la commissure arquée; la tête est large et très aplatie

Voilà pour leur faciès; voyons maintenant leur genre de vie.

Leur vie? C'est le vol. Voler sans cesse, voler toujours, voilà la vie du martinet. Doués de muscles thoraciques d'une force considérable, pourvus d'ailes immenses, très pointues, ils tournoient à des hauteurs vertigineuses durant des jours entiers.

Comme l'a très bien dit notre grand Michelet dans son livre admirable, le martinet, « c'est l'oiseau par excellence. » L'air, voilà son élément. Tout en lui, ses ailes trop longues, ses pieds trop courts, indiquent un être étranger à la terre. S'il touche le sol, il est perdu; il lui est désormais impossible de reprendre son essor; ses tarses, très massifs, sont faits pour grimper, s'accrocher, non pour porter. Ils laissent traîner sa poitrine; ses longues pennes battent la terre. Il rampe ainsi jusqu'à ce qu'il rencontre quelque monticule, quelque mur, branches de salut, sur lesquels il monte et d'où il se laisse tomber dans l'espace.

Un poisson jeté sur la rive est ridicule; un cygne qui se dandine gauchement n'inspire que la risée. Tombé du ciel sur la lourde terre, le martinet est plus que laid; il est affreux. Affreux dans sa sombre livrée noire, avec sa grosse tête aplatie, ses grands yeux sombres. Affreux, cet oiseau qui tout d'un coup est devenu reptile. L'ignorance a peur de ce qu'elle ne comprend pas. De là, les contes qu'on fait au sujet du martinet. Plus d'un naïf m'a vu avec terreur prendre ces oiseaux dans la main et m'a demandé si je connaissais un remède « contre la morsure du martinet. » Plus d'un m'a encore affirmé que cet oiseau s'introduisait dans le nid des moineaux pour sucer le sang de leurs petits et que ses oeufs étaient un poison. Quand donc verrons-nous l'instruction pénétrer chez le peuple? Quand donc les naturalistes et les philosophes ne seront-ils plus obligés de faire dans leurs ouvrages des tartines sur la bêtise et la superstition qui empêchent l'homme de vivre en harmonie avec la nature?

Comme l'hirondelle, les martinets mangent en volant. Ils filent dans l'air, engloutissant tout insecte qu'ils aperçoivent. Leur puissance de vision est incroyable. Spallanzani a constaté qu'à 300 pieds de distance, un martinet voyait distinctement un objet de 2 millimètres de diamètre.

Je ne dirai point qu'ils boivent aussi en volant. Je n'ai jamais vu de martinets rasant l'eau, comme l'hirondelle, et prenant un bain en même temps qu'ils boivent un coup. Ils savent trop combien leur est dangereux le voisinage de la terre, et ils s'en tiennent toujours très éloignés. Je serais même reconnaissant à qui m'apprendrait où et comment ils boivent.

Si le martinet est bien connu de tous les ornithologistes, il n'en est pas de même de son nid, et j'ai vu, dans des publications récentes, des doutes émis encore à ce sujet. Ce qui paraissait le plus avéré, c'est que le martinet déposait et couvait ses oeufs « dans les trous poussiéreux des grands édifices, des clochers, des hautes tours. » Je ne veux point infirmer cette opinion, et je serais très embarrassé de prouver que notre oiseau ne niche point « dans les trous poussiéreux des grands édifices. »

Mais, ce que je puis affirmer, c'est que lorsqu'il trouve un nid de moineaux dans un lieu à sa convenance, il n'hésite point à s'en emparer, et fait tous ses efforts pour en expulser les légitimes propriétaires.

J'ai habité longtemps une maison où nichait une nombreuse colonie de moineaux. Un jour, une bande de martinets vint à passer de ce côté, vit les nids, et dès ce jour nous ne vîmes plus de moineaux. Ils s'étaient introduits frauduleusement dans la maison en l'absence de ces derniers, et jusqu'au jour où leurs petits furent éclos, jamais ils ne laissèrent le nid solitaire. Toujours le mâle ou la femelle le gardait; jamais les deux ne sortaient ensemble. Parfois un passereau arrivait inquiet, se posait sur la gouttière et essayait de reprendre son domicile; mais un cri aigu et prolongé, poussé par l'intrus, l'avertissait que l'ennemi ne quittait pas la place, et triste il s'en allait. Le lendemain du jour où les martinets s'étaient emparés des nids, je trouvai au pied du mur plusieurs oeufs de moineaux brisés et plusieurs petits encore nus. Je ne doute pas qu'ils aient été précipités par les martinets.

J'ai assisté aussi à de véritables combats de moineaux et de martinets pour la prise et la défense d'un nid. Le couple de martinets passait et repassait devant le trou convoité. Le couple de moineaux se tenait sur une branche ou un mur voisin, et le mâle s'élançait sur l'ennemi chaque fois qu'il apparaissait. Ce manège durait jusqu'à ce qu'un martinet parvînt à s'élancer dans le trou, ou que le couple, de guerre lasse, allât chercher une autre place moins bien défendue.

Je suis porté à croire que durant leur station chez nous, d'avril en septembre, les martinets font deux couvées. J'ai trouvé des petits au mois de juillet. La couvée se compose ordinairement de deux oeufs d'un blanc pur et assez allongés. Quand les petits sont éclos, le mâle et la femelle volent constamment autour du lieu où est le nid. Chez moi, je voyais toute la bande des parents décrire un grand cercle autour de ma maison, et passer à tire d'ailes devant leurs trous en poussant des cris perçants. Les jeunes répondaient par des cris moins forts, mais tout aussi aigus. Le soir, j'entendais toutes ces familles gazouiller dans leurs demeures respectives. De temps en temps sortait un martinet qui ne tardait pas à revenir, rapportant sans doute à sa nichée quelque insecte de nuit; quand l'un rentrait, l'antre sortait. Ils arrivent au nid avec une rapidité inouïe, en filant comme une flèche; et j'ajoute entièrement foi à ce naturaliste qui raconte avoir vu des martinets tomber étourdis en se frappant contre une plaque de verre placée à l'entrée de leur trou.

Les martinets émigrent avant l'hirondelle, et à la fin d'août on n'en voit plus un seul dans nos pays. Ils se rendent sans doute dans les mêmes climats que leur proche parente. L'année suivante ceux qui se sont tirés sains et saufs, du voyage reviennent fidèlement à l'ancien nid.

J'ai trouvé sur le martinet et dans les nids l'Ornithomya viridis, qui y vit en parasite. Je me réserve d'en parler dans mes études sur les diptères, lorsque j'arriverai à cette très curieuse famille des Pupipares.

Rochefort-sur-Mer.
Georges Colin.

Le Martinet. — M. Colin dit ignorer comment boit le martinet. Un observateur des plus autorisés quand il s'agit des moeurs des oiseaux, Brehm fils (La Vie des Animaux illustrée), nous apprend qu'il boit comme les hirondelles. « Plusieurs observateurs, dit-il, croient qu'il ne boit pas ; cela n'est pas exact, comme je puis l'assurer, d'après mes propres observations. Ce qui est vrai, c'est qu'il ne se baigne que quand il pleut et qu'il ne se plonge pas dans l'eau, comme le font les hirondelles. » Le même auteur nous apprend aussi que le martinet agglutine les matériaux de son nid avec une salive visqueuse sécrétée dans ce but et qui se solidifie rapidement. On sait que ce procédé est celui des salanganes et de presque tous les oiseaux de cette famille.

Du reste, les hostilités des martinets à l'égard des moineaux ont été parfaitement observées par M. Colin. Nous avons nous-mêmes remarqué la même tyrannie exercée par les martinets sur les hirondelles de cheminée dans une maison que nous habitions à Poitiers ; celles-ci arrivaient au printemps, presqu'un mois avant leurs farouches ennemis, et semblaient se préparer à nicher sous les poutres du toit du côté du jardin; elles en restaient maîtresses jusqu'à l'apparition des martinets ; mais ceux-ci, à peine arrivés, chassaient leurs frêles voisines, s'établissaient sous ce toit, échauffé toute la journée par le soleil et affirmaient leur domination exclusive sur les jardins voisins, en y effectuant à la poursuite des insectes des rondes insensées et assourdissantes que tout le monde a observées. Les hirondelles passaient du côté de la rue, et c'est là que je les voyais, par couple, effectuer leur chasse moins bruyante, semblables à deux sentinelles qui se seraient croisées des heures entières devant ma fenêtre.

Dr Trouessart.

NOTE SUR LE MARTINET.

Alors que le télégraphe aérien existait encore, l'employé qui occupait le poste installé au sommet de la tour de l'église Saint-Pierre, à Besançon, observa ce qui suit :

Des martinets, en grand nombre, avaient établi leurs nids sur le haut du mur, immédiatement au-dessous de la toiture de la tour.

Ces nids se composaient de brindilles et de terre, la terre servant de mortier pour lier ensemble les brindilles ; leur forme était celle d'une couronne, c'est-à-dire que les nids n'avaient point de fond, et que les oeufs reposaient directement sur la pierre du mur ; c'était, à la vérité, moins un nid qu'une cloison servant de délimitation à un terrain acquis, que l'un de ces petits ouvrages vu de près; une barrière entourant une enceinte réservée où, à l'exception des propriétaires, personne n'avait le droit de pénétrer.

Les nids n'étaient nullement soudés au mur et voici pourquoi :

Quand le couple n'avait ni oeufs, ni petits, soit que le lieu lui déplût, soit que par suite de querelles avec les ménages trop rapprochés ou d'antipathie pour des voisins incommodes il voulût s'éloigner, aussitôt il le faisait.

A cet effet, chaque nid était armé, dès sa construction, d'une sorte de queue ou de timon formé par la réunion d'un certain nombre de brindilles solidement fixées à la couronne.

Le projet s'exécutait ainsi : l'un des propriétaires saisissant ce timon avec son bec et se traînant à reculons, en s'aidant de ses ailes à demi-ouvertes, conduisait tranquillement sa demeure là où il avait résolu d'élire domicile; toujours prêt d'ailleurs à recommencer le déménagement, s'il ne trouvait pas à son gré les nouveaux voisins.

Les martinets sont, paraît-il, d'humeur taquine, car à la tour de l'église Saint-Pierre s'effectuaient de nombreux déménagements.

J'ai observé l'an dernier à Digoin (Saône-et-Loire), un fait analogue à celui que rapporte M. Georges Colin dans son article intitulé : le Martinet et son nid.

En face de la fenêtre près de laquelle je travaillais, s'élevait un hangar bâti depuis peu et où des moineaux s'étaient établis.

Un jour, un couple de martinets que je remarquai parce qu'il était le seul qui fût dans les alentours, vint aux abords du hangar, et resserrant peu à peu les cercles qu'il décrivait autour de l'édifice, se mit à voleter tout près des nids de moineaux ; il se fixa en cet endroit, et pendant quelque temps on vit des pierrots piaillant sur la toiture.

Au lieu choisi restait toujours un gardien, son compagnon s'éloignait peu et rentrait fréquemment.

S. de Prinsac.

 

 

 

  


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