Histoire naturelle Le scorpion roussâtre 2
Documents anciens d'histoire naturelle |
|
LE SCORPION ROUSSATRE (2). Le Scorpio occitanus Lat,, le Buthus occitanus Leach, ou vulgairement scorpion roussâtre, appartient à la famille des scorpionides, de l'ordre des pédipalpes, de la classe des arachnides. La famille des scorpionides se distingue des familles voisines « par un corps revêtu d'un tégument de consistance coriace; l'abdomen formé d'anneaux très distincts; deux yeux sur la ligne moyenne du céphalothorax, et, sur les côtés, des yeux plus petits et en nombre variable; des antennes-pinces pourvues d'un doigt mobile et ne donnant passage à aucune sécrétion ; de grandes pattes-mâchoires terminées soit en pince, soit en griffe. Ces arachnides sont dépourvus d'organes affectés à la sécrétion de la soie; leur respiration s'effectue par des sacs pulmonaires en nombre variable, ouverts a la base de l'abdomen (3). » Les sexes sont séparés, l'orifice des organes mâles et des organes femelles est situé au même endroit, au-devant des peignes, entre les deux arceaux rudimentaires de l'abdomen. Ils sont vivipares. (1) Ann. de phya. et de chim. (4), t. VII, p. 78. (2) Note lue à la Société physiophile de Lyon, dans sa séance du 12 mars 1873. (3) Blanchard. — Moeurs des insectes, etc. Le Buthus occitanus a une longueur de 7 à 9 centimètres; une couleur jaune pâle qui se fonce après sa mort; son abdomen est intimement uni au tronc par toute sa largeur et composé de douze anneaux, y compris ceux de la queue, qui se termine par une pointe effilée recourbée en arc, en forme d'aiguillon très aigu pour livrer passage à un liquide venimeux qui est produit par une double glande. Des peignes qui ont une trentaine de dents; deux yeux sur la ligne moyenne du céphalothorax et six autres plus petits placés latéralement (1); quatre paires de pattes composées chacune de cinq parties et trois articles au tarse. Le scorpion roussâtre se nourrit de vers, d'insectes (2), et sa voracité est telle qu'il dévore ses petits. Il tient toujours en marchant la partie postérieure de son abdomen relevée et toujours prête à frapper la victime qui doit lui servir de nourriture. Si l'insecte qu'il a pris avec ses pinces ne fait aucun mouvement, il le mange vivant; mais s'il fait des efforts pour s'échapper, il ramène la portion caudiforme de son abdomen au-dessus et en avant du céphalothorax, et il perfore sa victime de son aiguillon. Sa piqûre est mortelle pour lui-même. D'après mes observations, si on en met deux sous une cloche, ils se regardent, leurs appendices buccaux et leurs pinces sont animés, ils cherchent à s'éloigner en reculant, mais voyant l'impossibilité de s'échapper, ils s'avancent l'un vers l'autre en tenant toujours la partie postérieure de leur abdomen relevée, ils cherchent à éviter d'être piqués, et c'est à celui qui a été le plus habile dans le combat que revient la victoire. Mais quelquefois il succombe après, car il est rare qu'il n'ait pas eu lui-même quelque piqûre. Il est une fable qui est encore écoutée parmi le vulgaire, dans laquelle ou prétend que le scorpion étant entouré d'un cercle de feu, préfère se tuer que de se laisser brûler vif. Ayant voulu m'en rendre compte, j'ai fait l'expérience sur plusieurs scorpions d'Europe, mais je puis affirmer que la fable reste la fable et que le scorpion cherchant au contraire tous les moyens de s'évader n'en devient pas moins la proie des flammes. Un rat meurt au bout d'une heure de la piqûre d'un scorpion roussâtre, et un homme peut en ressentir les effets pendant vingt-quatre heures. Selon quelques naturalistes (3), elle serait moins douloureuse que celle de l'abeille. Pour en prévenir les suites, on emploie l'ammoniaque liquide pris intérieurement à la dose de quelques gouttes dans un verre d'eau sucrée et instillée extérieurement dans la plaie pour détruire le venin; l'usage des crucifères est quelquefois recommandé. L'accouplement a lieu en juillet et en août; la femelle fait ses petits à diverses reprises. Pendant les premiers jours, elle les porte sur son dos et ne sort pas de sa retraite, veillant à leur conservation environ un mois; à cet âge les petits sont assez forts pour pourvoir à leur subsistance et ils sont chassés de la maison paternelle. Mais ce n'est qu'au bout de deux ans qu'ils ont atteint tout leur développement. Le scorpion roussâtre est assez répandu en Europe, principalement sur les bords de la Méditerranée, mais l'endroit classique en France où je l'ai pris en assez grande quantité sous les pierres est la montagne de Cette (Hérault). M. Dubreuil a indiqué plusieurs localités aux environs de Montpellier où l'on ne se serait pas attendu à le rencontrer. Il est aussi localisé à Sommières, dans le département du Gard. Lyon.
Galien Mingaud,
(1) Le Scorpion d'Europe (Scorpio europaeus Lin.) n'en a que quatre. C'est ce qui a fait créer à Leach le genre Buthus. (2) Il doit probablement se nourrir à Cette du Philax litoralis, coléoptère hétéromère de la famille des Ténébrionides, qui est assez commun en cet endroit où j'ai trouvé des débris de pattes, d'élytres, etc., sous les pierres où il se trouvait, (3) MM. P. Gervais, H. Lucas, etc. |
|