Histoire naturelle Le Bibio marci
Documents anciens d'histoire naturelle |
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LE BIBIO MARCI. Nos lecteurs se souviennent certainement des mouches noires qui, au printemps dernier, se montrèrent en si grand nombre à Paris et aux environs. Les Parisiens, ne pouvant s'expliquer l'invasion de cet insecte qu'ils voyaient pour la première fois, le nommèrent mouche des cadavres, attribuant son apparition à la grande quantité de cadavres enterrés, souvent à fleur de terre, aux environs de la capitale. Presque tous les journaux adoptèrent cette opinion ; quelques feuilles plus sérieuses imaginèrent un compte rendu de l'Académie des sciences, où il était déclaré solennellement que cette prétendue mouche était un névroptère de la famille des phryganes. Une fois entrés dans cette voie, les journalistes étalèrent à l'envi leur science entomologique et donnèrent chaque jour des solutions de plus en plus ingénieuses. Ce diptère était tout simplement le Bibio Marci ou bibion de Saint-Marc, de la famille des floritipulaires. Cet insecte, long de 12 millimètres, a le corps noir et les ailes légèrement enfumées; ses longues pattes, qu'il laisse pendre pendant le vol lui donnent un singulier aspect. L'année précédente, sa larve avait été l'objet, à la Société entomologique, d'une communication de M. Lucas, dans laquelle le savant naturaliste signalait sa grande abondance et donnait quelques détails sur ses moeurs. Cette larve géophage vit en société dans l'intérieur de la terre et ne paraît à la surface que si la température est douce : elle est brune et armée de piquants raides, allongés, d'un roux testacé et à direction postérieure; la tète est d'un brun ferrugineux brillant; les stigmates, au nombre de vingt, sont d'un roux foncé; ses mouvements sont agiles, bien qu'elle soit dépourvue de pattes. Au milieu des Bibio Marci se trouvait, dans la proportion de un sur mille, le Bibio hortilanus, dont le mâle ressemble au B. Marci et n'en diffère que par sa taille plus petite et quelques poils blancs, ainsi que le bout des ailes; la femelle est d'un rouge vermillon. On n'a pas encore expliqué la cause de cette invasion, non plus que d'autres invasions de divers insectes observées à différentes époques. Plusieurs explications ont été proposées; mais aucune n'est, à mon sens, suffisante. Si quelque entomologiste plus habile peut en découvrir la cause, je lui en serai très reconnaissant. Je serais également heureux de recevoir des communications pouvant aider à déterminer l'étendue géographique de l'invasion du Bibio Marci. J. DE G. |
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