Histoire naturelle Quelques mots sur les Psyllides
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QUELQUES MOTS SUR LES PSYLLIDES. Les Psyllides appartiennent au groupe nombreux des hémiptères homoptères, dont ils constituent une des plus élégantes familles. Pour les caractériser d'un mot, je dirai que ce sont des cigales en miniature. Comme celles-ci, ils ont un corps trapu, un large front, deux gros yeux composés, proéminents, accompagnés le plus souvent, sinon toujours, de trois ocelles ou yeux simples, très espacés entre eux et placés, l'un au milieu du front, les deux autres tout près et a côté des yeux composés. Le thorax est généralement robuste et bombé en dessus; la trompe, chose singulière, ne paraît point partir de la tête, mais sortir du corselet, comme chez la cochenille, entre la 1re et la 2e paire de pattes. L'abdomen est proportionnellement assez petit et terminé chez la femelle par une sorte de tarière conique à plusieurs valves, et chez le mâle par une tenaille accompagnée d'appendices assez variables. Les antennes, formées de 8 à 10 articles généralement filiformes, profondément striés circulairement, se terminent chez la plupart des espèces par deux soies rigides très divergentes. Les pattes, de longueur moyenne, portent des tarses de deux articles armés à leur extrémité d'ongles acérés; les postérieures sont plus longues et plus fortes que les autres et servent surtout au saut. C'est, en effet, le saut qui est pour ces insectes le plus sûr moyen de fuite, lorsqu'ils sont menacés; ils peuvent se lancer à une hauteur et à une distance immenses, proportionnellement à leur taille; d'ailleurs, ils ne s'envolent jamais directement des objets sur lesquels ils sont placés; ils commencent toujours par sauter; puis, une fois en l'air, ils déploient leurs ailes mignonnes. Celles-ci sont au nombre de quatre ; les deux supérieures recouvrent entièrement les inférieures pendant le repos, et sont, dans cette position, disposées en toit à arête vive; elles sont membraneuses, généralement transparentes comme du verre, plus rarement verdâtres, brunes ou parsemées d'élégantes mouchetures noires. Leur limbe (si je puis me servir de ce mot) est soutenu par des nervures en petit nombre, dont la disposition varie peu d'une espèce à l'autre dans le même genre, mais caractérise assez bien les différents genres. Vues sous le microscope, ces nervures délicates paraissent (surtout dans le genre Psylla) armées d'épines de distance en distance et creusées à leur centre d'un canal capillaire. Le limbe paraît, sous un grossissement suffisant, parsemé de points plus ou moins régulièrement disposés suivant les espèces, et de sortes de poils courts comparables à de petites larmes, abondant surtout vers la périphérie, dans l'intervalle des nervures, et pouvant s'y grouper en donnant lieu à des sortes de fausses nervures. Les nervures des ailes inférieures ne sont formées que par deux rangées doubles et très régulières de ces sortes de poils implantés sur un épaississement à peine sensible du limbe. Celui-ci, très finement ponctué, est d'une telle transparence que lorsqu'il n'est pas coloré (et c'est le cas général), on peut à peine l'apercevoir si on le regarde perpendiculairement à son plan. La larve des Psyllides offre beaucoup de ressemblance avec l'insecte parfait et a les mêmes habitudes que lui ; mais ses pattes sont terminées par de petites expansions membraneuses; ses yeux sont incomplètement développés et les ailes manquent naturellement; elles commencent à se montrer chez la nymphe sous forme de deux boutons et sont bien développées chez tous les individus mâles et femelles adultes. Les femelles de quelques Psyllides, en faisant dans les tissus de certains végétaux des incisions pour y déposer leurs oeufs, déterminent au point piqué un afflux considérable de sève, et par suite, des monstruosités de formes diverses qui servent d'habitations à la jeune génération. Je citerai, par exemple, ces tubérosités souvent assez volumineuses qu'il n'est pas rare de trouver sur les sapins, ou ces nids tapissés de duvet, formés par la réunion de quelques feuilles de buis rendues concaves par la piqûre de l'insecte, ou encore ces sortes de paquets herbeux qui difforment la tige des joncs. Souvent aussi, on voit des aiguilles de pins couvertes de touffes délicates d'un duvet blanc, qui ne sont autre chose que le logement de la larve d'un Psyllide qui habite cet arbre. Les Psyllides vivent pour la plupart en sociétés imparfaites, mais souvent très nombreuses. Ils se nourrissent tous de la sève des végétaux : c'est ce que nous montrait la seule inspection de leur appareil buccal et ce que confirme l'expérience. Beaucoup de plantes ont leur Psyllide propre; mais la même espèce peut, le plus souvent, vivre sur tous les végétaux d'un même genre, d'une même famille, ou même se trouver sur des plantes de familles différentes. C'est ainsi que la Psylla pyrenoea paraît habiter exclusivement le genêt épineux, tandis que la Psylla breviantennata se trouve indistinctement sur tous les conifères et que la Psylla pruni est presque aussi commune sur le sapin que sur le prunellier. Mulhouse. M. H. |
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