Histoire naturelle De Candolle
Documents anciens d'histoire naturelle |
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DE CANDOLLE Augustin-Pyramus de Candolle naquit à Genève le 4 février 1778, d'une famille de protestants réfugiés dans cette ville au XVIe siècle. Enfant rêveur et poête, il passait ses journées au sein de la nature qui s'étalait dans toute sa beauté devant lui. Il fit ses études à l'Université de Genève : les leçons de Ch. Bonnet, de de Saussure, de Vaucher, lui firent prendre goût à l'histoire naturelle. Pourtant rien n'annonçait encore le futur botaniste. Florian lui prédisait même une brillante carrière d'auteur dramatique. Mais lors des troubles de la Révolution, il fut obligé de se réfugier dans un petit village; là il passa ses journées à courir les montagnes pour chercher des plantes qu'il classait le soir, sans livres, ni méthode, d'après leurs rapports naturels. Le jeune botaniste fut remarqué par le savant Dolomieu. Il vint à Paris en 1796 et s'établit aussitôt au Jardin des plantes. Là, assis sur un arrosoir, il s'occupait sans cesse à décrire et à observer des plantes. Le fruit de son travail fut l'Histoire des plantes grasses (1799-1803), l'Astragologie (1801) et divers Mémoires très curieux sur le sommeil des plantes. Par là il apprit à connaître la vie intime des êtres, étude dans laquelle il devait se distinguer plus tard. Lamarck n'hésita point de confier au jeune savant la seconde édition de la Flore française. Il entreprit cet ouvrage avec une intrépidité remarquable, gravissant les rochers les plus escarpés des Alpes et ne se reposant qu'après l'avoir enrichi de 6000 espèces et de descriptions nouvelles. Peu après, il fut nommé professeur à Montpellier. Là commença pour lui une carrière nouvelle. Il ranima dans cette ville l'amour des grandes et fortes études en se mettant lui même à l'oeuvre avec un zèle infatigable. Ces leçons sont reproduites dans trois ouvrages : La Théorie élémentaire de la Botanique (1813), l'Organographie (1827), et la Physiologie végétale (1832). Le premier de ces ouvrages, le chef-d'oeuvre de de Candolle, marque dans l'histoire de la botanique. Déjà un homme d'un génie audacieux, Goethe, dans son livre sur les Métamorphoses des plantes (1790), avait étudié le mécanisme du développement du végétal, ces changements de la feuille en calice, du calice en corolle, des pétales en étamines, des étamines en pistils, en ovaire, en fruit. Cette théorie est complétée, agrandie et ramenée à de justes limites dans l'ouvrage de de Candolle. Tous les êtres pour lui sont soumis à un plan général, symétrique : cette symétrie primitive est détruite par une série d'irrégularités et c'est le type primitif qu'il s'agit alors de trouver. La transformation de Goethe devient donc une dégénérescence. La Restauration éloigna M. de Candolle de Montpellier et le rendit à sa patrie. Genève fonda pour lui une chaire d'histoire naturelle et un jardin botanique. Là, une autre étude l'occupa. En 1815, il conçut le projet de dresser le catalogue complet des végétaux. Théophraste avait compté 500 espèces; Linné porta ce nombre à 7000. En 1817, de Candolle avait déjà réuni 57000 espèces ; en 1840, il en avait 80000. Il ne put achever ce beau travail : il composa sept énormes volumes, où il décrit chaque plante avec une précision et une exactitude remarquables. Cet ouvrage, publié d'abord sous le titre de Systema naturale regni vegetabilis, fut repris en 1824 sous celui de Prodromus systematis naturalis regni vegetabilis. Dans tous ces ouvrages se montre l'idée philosophique que de Candolle a mise à la base de la science. Il a ouvert l'étude des lois intimes des êtres, et par là il a assuré le triomphe de la méthode naturelle de Jussieu. Ses contemporains l'apprécièrent à sa juste valeur ; il fut membre de presque toutes les sociétés savantes de l'Europe; l'académie des Curieux de la nature le surnomma Linnoeus. Outre ses grands travaux, de Candolle a encore publié un Essai sur les propriétés médicinales des plantes (1804), une Statistique végétale de la France restée inachevée et un grand nombre de Mémoires. Il s'est aussi occupé de l'administration de sa ville natale : philanthrope éclairé, il était partout où il s'agissait de contribuer au développement moral et intellectuel de l'humanité. I1 termina sa vie belle et utile le 9 septembre 1841. Mulhouse. . A. Courvoisier. |
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