Histoire naturelle Généralités sur les Hydrocanthares
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GÉNÉRALITÉS SUR LES HYDROCANTHARES Les hydrocanthares sont répartis en trois tribus : les haliplides, les dytiscides et les hydroporides. Les haliplides sont de petite taille : ils font le passage des carabiques ou carnassiers terrestres aux hydrocanthares ou carnassiers aquatiques. Leur corps est ovalaire et épais, plus ou moins allongé; leurs pattes, même les postérieures, longues, grêles et peu ciliées, rappellent celles des carabiques et sont les instruments d'une natation peu rapide. Les articles de tous les tarses sont très distincts; mais le caractère le plus remarquable des haliplides, c'est l'énorme prolongement lamelleux en forme de plaque mince, arrondie, que présentent les hanches postérieures et qui couvre l'abdomen sur une grande étendue et les cuisses sur presque toute leur longueur. Ces insectes ont tout le corps parsemé de gros points enfoncés disposés en lignes longitudinales sur les élytres et sans ordre sur le corselet et le dessous du corps, ils nagent avec les pattes intermédiaires et postérieures qu'ils font mouvoir, non pas simultanément, mais l'une après l'autre; c'est-à-dire que celle de droite se lève, tandis que celle de gauche frappe l'eau, et réciproquement. Ce mouvement alternatif joint à la forme du corps fait que les haliplides ne nagent point très vite et qu'il est facile de les saisir. Dans les dytiscides, nous laisserons de côté le genre Poelobius qui, par sa conformation, se rapproche des haliplides; il ne s'en distingue guère que par ses hanches, qui sont fort petites. Les insectes de cette tribu sont caractérisés par leur forme ovale, par leurs cinq articles bien visibles à tous les tarses, par leurs nageoires très fortes, très aplaties et très ciliées qui, grâce à leur action simultanée, rendent la natation très facile; les hanches de ces dernières sont petites, en forme de spatules plus ou moins aiguës. Chez les mâles, les trois premiers articles des tarses antérieurs, et quelquefois des intermédiaires, sont dilatés et munis en dessous de brosses de poils raides et de cupules pétiolées de diverses grandeurs qui font l'office de ventouses et fixent solidement les mâles sur les femelles pendant l'accouplement; certaines femelles, surtout dans les grandes espèces, ont en outre les élytres striées ou chagrinées, toujours dans le but d'assurer la fécondation. L'écusson est très visible chez le plus grand nombre ; chez quelques-uns on ne l'aperçoit qu'en écartant les élytres. Cette tribu comprend les plus grands, les plus vigoureux et les plus carnassiers des hydrocanthares ; ils font une guerre incessante aux larves, aux insectes, aux mollusques, vers, poissons, etc., qu'ils saisissent de leurs pattes antérieures et intermédiaires et qu'ils déchirent de leurs mandibules. Lorsqu'on les saisit, ils font presque tous sortir de l'articulation de la tête et du corselet un liquide épais et laiteux, d'odeur particulière à chaque espèce, mais toujours fétide surtout chez les Cybister : c'est évidemment pour eux un moyen de défense. Les hydroporides ont pour la plupart la même forme que les précédents : cependant chez les Hyphydrus le corps est beaucoup moins allongé, arrondi et épais, ce qui ne les empêche pas d'être excessivement agiles. Dans cette tribu, l'écusson n'est jamais apparent; il est remplacé par une légère saillie arrondie et dirigée en arrière, qui se trouve sur le milieu du bord postérieur du corselet. Mais le caractère le plus distinctif se trouve dans la conformation des tarses antérieurs et intermédiaires : les trois premiers articles sont très dilatés dans les deux sexes, et le quatrième, fort petit, est caché dans une profonde échancrure du troisième, de sorte que, à moins d'un examen très minutieux, il semble qu'il n'y a que quatre articles. Du reste, les hydroporides ont les mêmes caractères que les dytiscides, mais sont tous de petite taille. I1 est très facile d'élever des hydrocanthares. J'ai employé jusqu'ici un moyen très simple et excellent pour étudier leurs moeurs. On se procure un vase de verre assez grand, par exemple une belle cloche de jardinier ; on taille une plaque de ce petit gazon qui pousse au bord des mares, on y plante des joncs, des potamogétons, des renoncules ou autres plantes aquatiques, et on la fixe solidement au fond du vase, de manière qu'elle s'applique bien contre les parois et que les gaz produits par la décomposition ne puissent la faire monter à la surface. Il est bon que quelques tiges assez solides ressortent de l'eau, afin de permettre aux insectes d'y grimper quand ils voudront ; mais il faut avoir soin de recouvrir le vase d'un tamis ou d'une toile métallique pour les empêcher de s'envoler. On peut les nourrir avec des insectes, du poisson ou un peu de viande. Quoique l'eau n'ait pas besoin d'être changée souvent, il est cependant préférable de la renouveler tous les deux ou trois jours, au moyen de deux siphons, dont l'un amène de l'eau, tandis que l'autre retire l'ancienne; de celle façon le niveau de l'eau ne varie pas. Avec cet appareil bien simple et qui ne coûte presque rien, on peut se procurer le plaisir d'observer les moeurs, les évolutions et les combats de ces curieux insectes. Évreux. Maurice Régimbart. |
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