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Le traitement des déchets
Par grandes catégories, les quantités de déchets les plus importantes concernent d'abord les déchets du secteur agricole au sens large ; puis viennent les déchets des différents secteurs industriels, et enfin les déchets "municipaux", dont l'essentiel est fait de nos rejets domestiques. La grande déferlante des déchets agricoles Le chiffre le plus impressionnant relatif à la masse de déchets produits est celui de l'agriculture, par an : 280 Mt (millions de tonnes) pour l'élevage, 70 Mt pour les cultures et les forêts ; 50 Mt pour les industries agro-alimentaires. La plus grande partie de ces résidus organiques revient au sol, elle est donc recyclée naturellement. Des valorisations sont recherchées dans l'alimentation animale (et même humaine) surtout à partir des déchets industriels agroalimentaire auxquelles s'ajoute la possibilité d'obtenir de l'énergie. Le fait marquant reste cependant les effets néfastes d'une surproduction des déchets dans le secteur de la production animale : les élevages hors-sol reposent sur une consommation d'aliments importés (Brésil, États-Unis, Thaïlande...) et la production de déjections (lisier de porc essentiellement) dépasse les capacités de régulation naturelle des sols, d'où la pollution des nappes d'eaux souterraines par les nitrates dans de nombreuses régions. Les déchets industriels : ATTENTION TOXIQUES ! Les déchets industriels forment également une masse
considérable : 150 Mt produits par an. Ils se répartissent ainsi : Les déchets inertes non toxiques sont essentiellement des déblais(1) et des stériles. Leur masse énorme pose évidemment des problèmes de stockage avec cependant quelques possibilités de réutilisation provenant des industries d'extraction. En effet, ces déchets ont deux exutoires possibles : - d'une part, la décharge d'inertes (dite de "classe 3"), - d'autre part, la valorisation matière des matériaux qui peuvent être utilisés, soit directement comme remblai ou comme "couverture" (recouvrement) dans les décharges de classe 2, soit recyclés sous forme de granulats (sables, gravillons, graves et cailloux), employés dans le domaine du génie civil comme matériaux de remblai, et en technique routière comme revêtement de trottoir ou en assises de chaussées. On considère pour 1990, que 88% des déchets industriels inertes sont mis en décharge, tandis que seulement 12% sont recyclés. Les déchets banals assez semblables aux ordures ménagères comportent des emballages pour près de 40% d'entre eux, plastiques, caoutchouc, métaux, rebuts de fabrication, déchets alimentaires, déchets d'entretien, pour le restant. Ces déchets peuvent être traités par les mêmes techniques que celles utilisées pour les ordures ménagères. Ainsi 5% sont traités par incinération, 35% sont valorisés, l'essentiel du reste étant stockés en décharge. Les déchets spéciaux sont qualifiés ainsi à cause de leur caractère toxique et/ou dangereux. Leur élimination nécessite des précautions spéciales et des procédés particuliers : neutralisation chimique, stabilisation, incinération à très haute température, stockage sous conteneurs étanches... C'est le secteur de la chimie de base qui est le plus impliqué dans cette production de déchets tant au niveau de la toxicité que pour la quantité rejetée (plus du quart du total), viennent dans l'ordre des secteurs : de la sidérurgie-cokerie, de la fonderie, de l'agro-alimentaire, de la production de métaux non-ferreux puis du papier. Les entreprises étant soumises à un contrôle assez strict (loi sur les établissements classés) sont de fait incitées à traiter si possible sur place leurs déchets ou à utiliser à l'extérieur des centres spécialisés utilisant des procédés convenant à l'élimination du caractère toxique et/ou dangereux. Il convient aussi de chercher à réduire les quantités de déchets en aménageant l'outil de production. Une part importante de ces déchets spéciaux reste toutefois stockée dans des décharges particulières dite de "classe 1" spécialement conçues pour les produits toxiques. Mais les décharges gérées sans précaution ont conduit à la pollution de nombreux sites ; la petite ville de Montchanin a maintenant son nom associé à un cas tristement exemplaire, et on compte par milliers le nombre de sites qui devraient être nettoyés... à grands frais. Toujours dans le domaine industriel, un secteur classé à part doit attirer notre attention : celui de la production d'énergie nucléaire, qui génère des déchets radioactifs. Les quantités sont relativement faibles, mais les incertitudes demeurent surtout pour les déchets à vie longue. En volume, pour l'année 1990, ce style de déchets représentait 25000 m3, en chiffres cumulés, depuis le début de l'activité nucléaire, ceci octroie à chaque français la propriété de l'équivalent d'1 kg d'uranium à stocker ! Les déchets municipaux : la banalité quotidienne En ce qui concerne les déchets dits municipaux, c'est-à-dire ramassés par les collectivités (de l'ordre de 30 Mt par an, en France) ils sont aux deux-tiers environ, constitués par les déchets domestiques, le reste se composant d'encombrants (ou "monstres" : vieux réfrigérateurs, cuisinières...) et de gravats (3 Mt), de déchets "verts" (entretien des espaces verts publics : 3Mt) et de déchets d'assainissement (boues d'épuration des eaux usées, curage d'égout et matière de vidange : 4 Mt). Les ordures ménagères sont constituées à plus de 50% d'emballages et renferment environ 25% de matières organiques fermentescibles. Deux voies principales de traitement sont possibles : - l'incinération qui permet de récupérer de la vapeur (chauffage urbain) et donc aussi d'obtenir de l'électricité, mais on doit s'assurer que les émissions gazeuses ne soient pas polluantes (produits chlorés issus de matières plastiques, produits soufrés venant des matières organiques et des papiers-cartons). - le compostage qui consiste à faire fermenter la matière organique. Finalement la moitié seulement de ces déchets sont traités, le reste étant simplement mis en décharge, avec tous les inconvénients liés à ce procédé : nécessité de sites de plus en plus étendus, problèmes esthétiques, risques d'odeurs et proliférations bactériennes et animales, lessivage par les eaux de pluie et pollution des nappes... Le recyclage, source de valorisation ? Où en est le recyclage dont on parle souvent dans les médias ? Cela dépend des produits et des endroits. On pourrait ajouter que globalement on progresse mais qu'il reste encore beaucoup à faire. L'Institut Français de l'Environnement constate dans son rapport de 1994 que "cette activité représente environ 30% de nos approvisionnements en matières premières non énergétiques, sans compter les déchets industriels recyclés en interne par les producteurs eux-mêmes. Les résultats sont très inégaux selon les secteurs. Pour les métaux ferreux, ce coefficient général d'un tiers recyclé est appréciable ; pour les métaux non-ferreux, les fluctuations du prix des "matériaux neufs" ne favorisent pas le recyclage sauf pour l'aluminium recyclé à 36%. La quantité de papiers-cartons récupérés ne progresse pas (30 à 40% de taux de recyclage) malgré les 12 kilogrammes potentiels d'emballages ménagers par habitant et par an ! Pour le verre, un progrès constant depuis une dizaine d'années conduit à un taux de recyclage approchant de 40%, mais l'idée de réemploi de verres vides ne progresse pas. Des efforts sont nécessaires pour des produits aussi variés que les textiles, les plastiques, les pneus usagés, les huiles usées, les appareils électriques et électroniques, les produits chimiques et les solvants. Cette voie présentée souvent comme une panacée n'est pas toujours aisée ; la nécessité des collectes sélectives bien organisées, la prise en compte de divers facteurs économiques (coûts de collecte et de traitement dépenses énergétiques...) ne suffisent pas : le recyclage doit s'inscrire dans une vision globale de relation aux ressources entraînant une réflexion approfondie sur la consommation, la durabilité des objets, la possibilité de réparation et de réutilisation, et globalement sur les modes de vie. De façon générale, malgré les efforts de recyclage et de valorisation, les traitements sont difficiles, coûteux, dévoreurs de place pour les stockages, et ils n'écartent pas toujours les dangers de pollution et risques pour la santé. Parfois polluants par eux-mêmes, et dans certains cas sur des durées considérables (déchets radioactifs ), les déchets sont aussi dangereux lors des enfouissements (pollution des sols et des eaux), au cours de l'incinération (CO2, poussières, gaz chlorés ou soufrés...) : tout au long de la chaîne qui les concerne ils sont polluants. Par ailleurs, les excès et gaspillages d'utilisation de certains produits (engrais, pesticides...) entraînant la pollution diffuse qui altère les sols, l'eau... La distinction déchets-polluants s'annule bien souvent ; les deux se confondent au niveau "des problèmes d'environnement". Restent en bout de chaîne les déchets ultimes, c'est-à-dire les résidus des traitements : ils n'ont d'autre destin que d'être stockés, avec beaucoup de précautions s'ils restent toujours toxiques, un peu moins s'ils rejoignent la masse des "inertes non-réutilisés" qui sont donc des ultimes dès le départ. En outre, le problème de la gestion des déchets est aussi lié à l'espace disponible dans un pays, et à d'autres facteurs plus subtils comme les exigences de la population vis-à-vis du paysage. Ainsi, certains pays européens à forte densité de population (Allemagne, Suisse par exemple), sont davantage obligés d'avoir recours à l'incinération, en partie parce qu'il y a une pénurie de "paysages abandonnés" aptes à la décharge, et que le prix de ces terrains s'accroît sans cesse. A propos de ces pays, les procédures de démocratie directe engendrent en outre une quasi-impossibilité d'ouvrir de nouvelles décharges parce qu'un vote populaire est nécessaire au niveau local, et les localités ne sont pas prêtes à accepter les déchets des autres et encore bien moins les déchets nucléaires. Éviter les gaspillages, consommer moins et mieux, c'est agir à la source, c'est amoindrir notre impact sur les ressources et laisser à ceux qui nous suivent l'espoir d'un avenir possible. Traiter, recycler, valoriser ne viennent qu'en second rang dans un réexamen de nos modes de vie. POUR EN SAVOIR PLUS
Textes et Documents pour la classe.
Adresses Utiles ---
1- La production de
granulat non issus de carrières est de 11,9 millions de tonnes, pour 1990. Ils
proviennent des schistes houillers (3.4 millions de tonnes par an), des laitiers
de hauts fourneaux et des laitiers d'aciérie (5.5 millions de tonnes), des
matériaux de démolition (3 millions de tonnes). dernière mise à jour : 21/03/2018 |
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