Ce site utilise des cookies afin de vous offrir une meilleure expérience de navigation. Continuer à le visiter signifie que vous acceptez leur utilisation.
|
|
IV. NOTRE ENVIRONNEMENT
EST-IL MENACE ? III. - LES POLLUTIONS Sujet inépuisable, pour lequel chaque journée apporte de nouveaux éléments à ajouter à des dossiers déjà si volumineux, le problème des pollutions peut être abordé avec les enfants de nos classes en envisageant dans chaque milieu, d'où viennent les pollutions, comment elles se manifestent, quelles sont leurs conséquences, quelles sont les atteintes à la qualité de la vie, puis quels sont les remèdes, les moyens de lutte, les actions à mener. D - Les remèdes II est impossible, ici, de dresser une liste exhaustive des remèdes connus et applicables. Nous ne ferons que citer les plus évidents : I - Quelle lutte peut-on mener contre la pollution de l'air ? II est possible de lutter contre les pollutions : — par un meilleur réglage des appareils. Une information doit être menée, par exemple auprès des propriétaires et utilisateurs de chauffage, pour leur faire comprendre la nécessité de surveiller leurs installations : — par le choix judicieux de combustibles industriels de façon qu'ils ne contiennent pas de gaz toxiques dans leurs fumées résiduelles. Les immeubles et grands ensembles auront intérêt à avoir des chauffages collectifs répondant aux normes de sécurité et contrôlés régulièrement et fréquemment ; — par l'installation, dans les chaînes industrielles, de moyens de récupération de gaz ou aérosols, de filtres, etc. Le maire peut et doit intervenir auprès des autorités préfectorales (législation des établissements dangereux, insalubres ou incommodes, loi du 19 décembre 1917) pour obtenir, lors de l'enquête publique concernant l'implantation d'une usine, l'installation d'un dispositif apte à éliminer toutes nuisances et les pollutions de l'air ; — par l'étude préalable sérieuse des emplacements des zones industrielles. Le maire possède ici un rôle prépondérant. II doit, dans le plan d'aménagement de sa commune, prévoir, en liaison avec les services d'urbanisme, les lieux d'implantation industrielle en tenant compte des conditions topographiques et climatiques (rôle des vents dominants, fonds de vallées, etc.). — en utilisant des remèdes naturels comme l'espace vert, absorbeur de pollution atmosphérique. On commence à étudier les plantations d'espèces végétales résistantes et peu sensibles aux divers types de pollution. Les plantations peuvent : — éliminer une partie des gaz toxiques. Les végétaux ont la capacité de fixer de grandes quantités de gaz carbonique. Ils fixent, suivant les espèces, les autres gaz polluants, et l'on peut, par analyse des feuilles, trouver des teneurs de soufre, fluor, etc., qui indiquent la réaction physiologique produite par cette absorption ; — fixer et retenir les éléments fins : des poussières, goudrons et huile. Indépendamment des plantations d'alignement, il est nécessaire de protéger et d'augmenter la superficie des espaces verts urbains qui constituent le véritable « poumon des villes » et, si besoin est, d'en créer de nouveaux. 2 - Contre la pollution des eaux : deux sortes de solutions se présentent : tout d'abord les solutions juridiques ; nous citerons quelques articles de la loi du 16 décembre 1964 :
— Interdiction de déversement ou immersion dans les eaux de
la mer de matières
de toutes natures ; Viennent ensuite les solutions techniques. Elles ont leurs bases essentielles dans les efforts que nous ferons en matières de documentation, de recherches, d'études et d'enseignement qui permettront, en mettant bien les causes en évidence, tant pour le grand public que pour les spécialistes, de trouver les remèdes à la pollution. C'est une prise de conscience qui doit intervenir aussi bien sur le plan national que sur le plan international. « C'est l'action commune de tous les intéressés dans le cadre d'une Association de Bassin, l'association des collectivités et des industries, et aussi des administrations et des particuliers, en vue de la protection des eaux, qui seule sera capable de résoudre le grave problème de la pollution » (René Colas). Parfois des opérations de plus grande envergure, à l'échelon régional ou national sont devenues indispensables :
— en France, on prévoit de protéger de
nombreuses zones du littoral (Bretagne, Normandie) ; Le problème reste le prix de revient de telles opérations :
— pour rendre la Loire propre aux activités balnéaires, il faut compter
dépenser 40 F par an et par habitant du bassin ; Certains spécialistes ne voient la solution que dans un surcroît de technologie. La qualité de la vie coûte cher et peut-être devient-il de plus en plus urgent de choisir entre la quantité et la qualité de vie. C'est en ces termes que le problème peut être posé, du moins en pays industrialisé. Les positions des pays en voie de développement sont certes différentes et il devient parfois difficile de définir une politique à l'échelon international. 3 - Comment lutter contre l'accumulation des déchets. Chaque commune doit organiser au mieux l'enlèvement des ordures ménagères, et éviter la constitution de ces abominables décharges clandestines qui déshonorent si cruellement certains paysages. Chaque Français produit (1972) 700 grammes (soit environ 5 litres) d'ordures ménagères par jour, ce qui représente plus de 10 millions de tonnes par an pour la France entière. Ces chiffres augmentent d'environ 2% par an. Dans ces ordures, on trouve en moyenne 35% de papiers et cartons, 25% de matières végétales et putrescibles, 5% de verres, 5% de métaux divers, 5% de matières plastiques ; des cendres, des chiffons, etc. Il faut y ajouter tous les déchets encombrants d'origine domestique (vieux meubles, appareils ménagers usagés, gros emballages...), les déblais et gravats, ainsi que, chaque année, 25 millions de vieux pneus, un million de voitures hors d'usage et 100000 t d'huile de vidange. Aux Etats-Unis, la production de déchets (1972) est de 2 000 grammes par jour et par habitant. En France même, l'utilisation des bouteilles en plastique commence à poser de graves problèmes. Lorsqu'on analyse le tonnage des produits alimentaires qui entrent dans une grande ville comme Paris, on constate que le chiffre qui vient en tête n'est ni celui de la viande, ni celui des légumes, mais celui de l'eau « minérale » transportée parfois de fort bien loin dans des bouteilles en plastique dont l'élimination va poser tant de problèmes. Provoquée à l'origine par le mauvais goût de l'eau des villes et savamment entretenue par une publicité habile, cette consommation d'eau minérale est-elle une solution valable ? De nombreux architectes, économistes et urbanistes se posent d'ailleurs le problème de la mise en place de doubles canalisations pour la distribution de l'eau. N'est-il pas aberrant de laver sa voiture avec de l'eau épurée à grands frais ? N'est-il pas anormal que l'eau dite potable ait si mauvais goût qu'on soit ou qu'on se croie obligé d'acheter de l'eau minérale ? Les stations d'épuration des eaux jouent un rôle extrêmement important. Sur le plan de la station d'épuration d'Achères, première station d'épuration des eaux en aval de Paris, on peut observer les bassins de décantation et les bassins de fermentation. Les récupérations, réutilisations, recyclages et épurations sont certainement les solutions de l'avenir.
On cite ainsi des usines de Hongrie qui rachètent systématiquement les vieux pneus. Leur trame est utilisée comme isolant industriel, et la gomme mélangée au bitume forme un revêtement plus plastique et résistant mieux aux différences de température. Une entreprise de la Ruhr réutilise le verre qui, mélangé aux scories industrielles, forme un ballast et un soubassement d'infrastructure de route de très haute résistance. Ainsi se trouve posé le problème du tri des ordures. Les métaux peuvent être séparés par magnétisme. Il faudrait systématiser les procédés de séparation et de réutilisation. Des produits, déjà toxiques en eux-mêmes, peuvent, lorsqu'ils sont combinés, devenir extrêmement dangereux. En laboratoire, certains produits employés dans l'agriculture pour la destruction des parasites sont assez peu toxiques, mais, par exemple, la combinaison du malathion et du parathion multiplie par cent la sensibilité à l'un ou à l'autre. Plus le nombre de produits conjugués augmente, plus les conséquences deviennent difficiles à cerner (degré de toxicité, allergies, cancers, produits stockés dans le foie humain ou le foie de porc). La revue « Que choisir ?» a édité le tract suivant qui traduit, au niveau des gestes quotidiens, les possibilités de diminuer les pollutions : CONSOMMONS MIEUX, POLLUONS MOINS ECONOMISEZ L'EAU
— Réparez les robinets et les tuyaux qui ont des fuites. Il suffit souvent
de remplacer un joint. ECONOMISEZ L'ENERGIE
— Les réserves d'énergie s'épuisent. La production d'énergie pollue l'eau
et l'air. Tout gaspillage d'énergie implique une pollution indirecte. ECONOMISEZ LES PRODUITS D'EMBALLAGE
— Le papier vient du bois. Les arbres fabriquent l'oxygène dont nous
vivons,
protègent de l'érosion, préservent les ressources naturelles. ECONOMISEZ LES TRANSPORTS
— Économisez les transports : chaque fois que c'est possible utilisez la
voiture à plusieurs. Observez une file de voitures : dans la plupart, il
n'y a que le conducteur alors que, pour la même dépense, on peut
transporter quatre personnes au moins. Pensez-y pour les trajets vers le travail, vers l'école, vers les achats. Si tous ces petits gestes quotidiens étaient multipliés par milliers, cela se traduirait très vite par une amélioration de la qualité de la vie. Pour inviter les enfants à se documenter par eux-mêmes, on peut leur demander de découper les articles de journaux se rapportant aux problèmes d'environnement et de pollution. Ces documents seront ensuite analysés de façon critique. Parfois, la rédaction de l'article permet directement de confronter des points de vue différents. Cette coupure du Monde (13 janvier 1973) compare les chiffres donnés par la revue « Que choisir ? » et ceux publiés par les chercheurs de l'institut scientifique et technique des pêches maritimes. DU MERCURE DANS LES MOULES Dans son numéro de janvier 1973, la revue « Que choisir ? » éditée par l'union fédérale des consommateurs, publie deux articles sur la pollution des produits de la mer. Ces articles « Ne mangez pas trop de poisson » et « Les Moules aussi sont polluées », dressent un tableau très noir de la situation, tellement noir que la revue conseille aux consommateurs de s'abstenir de manger ces produits. Il est certain que les côtes sont polluées, particulièrement celles où se déversent des effluents urbains ou industriels non traités. Si l'on en croyait « Que Choisir ? », la consommation de beaucoup de moules ramassées sur les côtes anglaises et néerlandaises serait dangereuse. La situation serait meilleure pour les coquillages venant des littoraux français et belge. La revue publie même une carte des côtes européennes, de Bordeaux à Edimbourg et du Cap Lands End à la pointe Nord du Jutland, portant indication des teneurs de mercure (en partie par million = p.p.m) trouvées dans les moules. Malheureusement — ou heureusement — les chiffres mentionnés par « Que Choisir ? » pour le littoral français sont plus alarmants que les teneurs de mercure trouvées dans les moules par les chercheurs de l'Institut scientifique et technique des pêches maritimes (I.S.T.P.M.) en trente-deux points du littoral français au cours de quatre séries d'analyses effectuées en décembre 1971, février, juin et octobre 1972, dont les résultats vont être incessamment publiés. Rappelons que l'I.S.T.P.M. assure le contrôle des produits de la pêche. Les teneurs moyennes dosées par l'I.S.T.P.M. sont de, l'ordre de 0,01 à 0,05 p.p.m. Diverses doses maximales admissibles ont été fixées ici ou là pour le mercure contenu dans les produits alimentaires. L'Organisation Mondiale de la Santé a proposé 0,05 p.p.m. Les Etats-Unis et le Canada ont choisi 0,5 p.p.m. ce qui a fait détruire en 1970-1971 un million de boîtes de thon. La Suède s'est contentée de 1 p.p.m., par suite de considérations scolaires nationales. La France, qui consomme relativement peu de poisson, s'est fixée pour les thons la dose limite provisoire de 0,7 p.p.m. L'I.S.T.P.M. et le laboratoire central de recherches vétérinaires ont analysé du thon en boîte venant de bateaux de pêche français : on a trouvé des doses de mercure ne dépassant pas 0,3 ou 0,4 p.p.m. de mercure. En revanche, on a refoulé des cargaisons de thon congelé provenant de Californie et contenant jusqu'à 1,6 p.p.m. de mercure. D'où vient le mercure que l'on retrouve dans les poissons de pleine mer ? Faut-il incriminer la pollution croissante des mers ? On peut en douter depuis que des chercheurs américains ont dosé le mercure dans des thons péchés entre 1878 et 1900 et même dans des arêtes de poisson vieilles de mille ans, les uns et les autres spécimens étant conservés dans divers musées d'histoire naturelle : la teneur est la même que dans les sujets des mêmes espèces vivant aujourd'hui ! Mais, certes, il ne faut pas négliger la menace que représentent les composés organo-mercuriels, que ceux-ci proviennent, par exemple, d'effluents industriels non traités ou de produits fongicides. Le danger est très réel. Mais fallait-il aller jusqu'à recommander aux consommateurs français de ne manger ni beaucoup de poisson ni trop de moules ? »
Y.R. Pour l'ensemble de toutes ces études relatives aux différentes pollutions, l'essentiel est que les enfants découvrent qu'il s'agit en fait de problèmes mondiaux, et de problèmes mettant en jeu la survie de l'homme. Ce document publié dans Le Monde des 27 et 28 mai 1972 en témoigne : L'ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTE va travailler à l'élaboration des normes de pollution. « GENEVE — L'assemblée mondiale de la santé, qui a réuni pendant trois semaines à Genève les délégués de cent vingt-trois pays vient d'adopter un budget de 82 023 000 dollars (451 millions de francs) pour 1972, ce qui représente une augmentation de plus de 9 % par rapport au budget de 1971. Une partie de cette somme sera consacrée à un programme à long terme d'amélioration de l'environnement. Selon une résolution adoptée à la fin des travaux, l'Organisation mondiale de la santé (O.M.S.) devra porter ses efforts sur les conditions d'hygiène, notamment dans les pays en voie de développement. L'O.M.S. devra, dans cette optique, stimuler le développement et la coordination de la surveillance sanitaire épidémiologique et contribuer à l'accroissement des connaissances relatives aux effets du milieu sur la santé. L'O.M.S. envisage de travailler à l'établissement de critères quantitatifs et qualitatifs portant sur différents facteurs de pollution, et pouvant faire l'objet d'un accord international. Les recherches de l'O.M.S. dans ce domaine seront consacrées aussi bien aux polluants chimiques et biologiques de l'air, de l'eau, du sol, qu'aux bruits, aux vibrations, aux rayonnements ionisants, à la chaleur, à l'humidité et au surpeuplement. En outre, le docteur Candau, directeur général de l'O.M.S., a été prié par l'assemblée mondiale de « lancer un appel pour obtenir des gouvernements et d'autres sources, des contributions volontaires en vue d'accélérer le rythme des efforts et de développer l'établissement des critères et des codes relatifs à la qualité de l'air et de l'eau ». L'O.M.S. prévoit, enfin, une intensification de son action en vue d'améliorer l'approvisionnement en eau dans les pays en voie de développement. L'objectif à atteindre avant 1980 consiste à assurer à toutes les populations urbaines de ces pays, ainsi qu'à 20 % au moins de la population rurale, un approvisionnement en eau convenable. La réalisation de ce plan coûtera 7 500 000 dollars (41 millions de francs) pour les villes et 1 600 000 (8,8 millions de francs) pour les campagnes. » |
|