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L'incinération constitue-t-elle un traitement ultime des déchets ?
L’incinération est une technique complémentaire du
tri-recyclage et du compostage. Elle doit être assortie d’un traitement des gaz
de combustion afin de limiter un transfert de pollution vers l’atmosphère.
Incinérateur
L’incinération est une technique de traitement des résidus urbains par
combustion de la phase organique. Sa principale caractéristique en terme de
traitement, outre la minéralisation quasi totale des déchets, est la réduction
de volume et de masse et, par conséquent, la diminution significative des
volumes des déchets à stocker.
L’incinération permet en effet une réduction de 70 % environ de la masse des
produits et de 90 % des volumes.
Elle permet également la récupération d’énergie. Elle doit être menée dans des
conditions optimales de combustion et assortie d’un traitement des gaz de
combustion par dépoussiérage, neutralisation et piégeage des métaux lourds afin
que soit évité un transfert significatif de pollution vers l’atmosphère.
Le produit de l’incinération d’une tonne d’ordures ménagères se décompose comme
suit.
250 à 300 kg de
mâchefers constitués essentiellement de toutes les fractions incombustibles.
Ces mâchefers contiennent des éléments métalliques (fer, aluminium) qui peuvent
être extraits dans un but de recyclage matières ainsi qu’un certain nombre de
minéraux (silice) leur conférant des caractéristiques intéressantes pour une
utilisation comme matériau de substitution en techniques routières par exemple.
Ils contiennent cependant des polluants (métaux lourds) qui sont susceptibles
d’être relargués, ce qui conduit à aborder avec précaution leur valorisation.
Ainsi, seuls les mâchefers à faible fraction lixiviable* peuvent être
valorisés. Des tests de lixiviation* sont donc demandés.
Lorsque les mâchefers ne sont pas valorisés, ils doivent être
stockés en
décharge de déchets ménagers ultimes.
30 à 50 kg de
résidus d’épuration des fumées. Ces résidus sont constitués de :
- cendres sous chaudière,
- cendres volantes obtenues lors du dépoussiérage des fumées,
- résidus de neutralisation des fumées.
Cette neutralisation a pour but de capter les gaz acides présents (HCI, HF, mais
aussi SO2). Les résidus d’épuration des fumées sont considérés comme toxiques.
Ils ont, d’une part, une teneur importante en polluants et, d’autre part, une
forte aptitude à relarguer ces polluants compte tenu de leur fraction soluble
très élevée. Ces déchets sont obligatoirement stabilisés et solidifiés avant
stockage dans une décharge de déchets industriels spéciaux (ex. Bellegarde). En
ce qui concerne les émissions gazeuses, la réglementation actuelle fixe des
valeurs limites d’émission, en poussières, en acides chlorhydrique ou
fluorhydrique, en anhydride sulfureux, ainsi qu’en composés organiques et en
métaux lourds. Des émissions de gaz tels que les oxydes d’azote et les dioxines
sont peu prises en compte actuellement. La réglementation impose donc
l’installation de divers équipements de traitement des fumées par dépoussiérage
et neutralisation et l’analyse des fumées à la sortie des cheminées. Elle fixe
aussi des conditions optimales de combustion.
Usine d'incinération
L’incinération ne peut se faire que s’il y a valorisation
énergétique sous forme de vapeur et d’électricité. La chaleur peut être ainsi
valorisée dans des processus industriels ou dans des réseaux de chaleur en vue
du chauffage par exemple de logements, d’hôpitaux, de facultés. L’électricité
est reprise par EDF.
Dans le cadre d’une filière globale de traitement des déchets ménagers,
l’incinération avec valorisation énergétique des ordures ménagères est une
solution complémentaire du tri des matériaux en vue de leur recyclage et de la
valorisation des matières organiques par compostage. Ces trois solutions sont
étroitement associées en vue de ne
stocker que les déchets ultimes
.
* Lixiviat : "jus" issu de la percolation des eaux de pluie.