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mycologue
Georges Chevassut est né le 27 avril 1923 à Mayence (Allemagne), où son père, officier supérieur, était alors en garnison. C’est en 1925, lorsque celui-ci, au terme de sa carrière militaire, regagne l’Algérie pour retrouver sa famille « pieds-noirs » depuis plusieurs générations, que Georges découvre ce pays et subit l’attrait de la « méditerranéité » qui marquera toute sa vie. Mais, dès l'âge de deux ans et demi, il contracte une poliomyélite qui le privera définitivement de l’usage de sa jambe droite et lui laissera d’importantes séquelles digestives, le contraignant à suivre un régime alimentaire très strict jusqu’à la fin de ses jours. Il subit en vain plusieurs interventions chirurgicales, dont une en Suisse à l’âge de dix ans. Il n’en poursuit pas moins une scolarité normale, entrecoupée seulement de périodes de soins en clinique. Après ses études primaires à Mascara, il se prend de passion pour la botanique à l’âge de dix huit ans et entreprend des études d’ingénieur agronome à l’Institut Agricole d’Algérie, qui deviendra l’École Nationale Supérieure Agronomique d’Alger Maison Carrée. - 1947. Licence-és-Sciences Botanique générale, mention « bien ». - 1950-1954. Divers certificats dont Zoologie générale, Géologie générale qui aboutissent à un Diplôme d’Études Supérieures, mention Écologie Végétale, avec un travail sur les groupements végétaux du marais de la Rassauta, près d’Alger. Reçu avec les félicitations du Jury en juin 1954. C’est désormais cette voie qui guidera tous ses travaux jusqu’à la fin de sa vie. - 1950. À la suite d’un concours, il est nommé « chargé de fonction », Chef de Travaux du Laboratoire de Botanique et Pathologie Végétale de L’E.N.S.A.A. Durant ses études, il eut le privilège de suivre l’enseignement du Pr René Maire qui le marqua très profondément. - 1961. La situation en Algérie le contraint a regagner la métropole. - 1962. Il est nommé à l’École Nationale Supérieure Agronomique de Montpellier (E.N.S.A.M.) où il enseigne l’écologie végétale qui le passionne de plus en plus. Et c’est pour ouvrir de nouvelles voies dans cette discipline qu’il « entra en mycologie », diversifiant ses secteurs de recherches. Il est incontestable que Georges Chevassut donna une nouvelle impulsion à l’étude des micromycètes en France, par ses nombreuses publications – il était en relation suivie avec les plus grands spécialistes mondiaux –, par l’organisation régulière de stages d’initiation au niveau national, stages qu’il anima longtemps avec la plus grande disponibilité, dans le but de susciter des vocations et d’encourager l’étude de ces champignons souvent délaissés. Son handicap s’accommodait bien avec le mode de prospection propre aux micromycètes et dont il sut parfaitement transmettre les particularités à de nombreux participants au fil des années. Il continua à tenir à jour, avec Paul Bernaux, le fichier des micromycètes créé par le professeur Georges Kunhnholtz-Lordat à l’E.N.S.A.M., fichier qui lui tenait particulièrement à cœur auquel il consacra une plaquette en 1999. À son arrivée à Montpellier, il décida également d’étudier les champignons supérieurs, délaissés depuis de nombreuses années en dehors de quelques travaux ponctuels du Pr Harant. Il rencontra le Pr Privat qui dirigeait le Laboratoire de Botanique et Cryptogamie de la Faculté de Pharmacie de Montpellier, et ce fut dès lors une fructueuse collaboration qui relança l’étude des champignons à Montpellier. Mais le but profond de Georges Chevassut était d’étudier la mycoflore de la région méditerranéenne, plus particulièrement dans la région Languedoc-Roussillon, pour tenter de définir des associations végétales basées sur de nouveaux indicateurs, et il choisit comme sujet d’études privilégié le genre Cortinaire, tout simplement parce qu’il est le plus riche en espèces – avec des particularités locales qu’il ne tarda pas à remarquer –, et donc le plus « rentable » pour poursuivre le but qu’il s’était assigné. C’est la raison profonde de son intérêt très aiguisé pour ce genre dont il devint un spécialiste reconnu, travaillant en relation permanente avec son collègue et ami le Dr Henry. Par delà les échanges postaux, les deux spécialistes se rencontraient utilement de temps à autre pour des études en commun sur du matériel frais. Georges Chevassut avait su s’entourer de nombreux collaborateurs et prospecteurs qui récoltaient à son intention un matériel considérable, comblant ainsi les difficultés qu’il avait à herboriser lui-même. Il était ainsi en mesure d’étudier tous les milieux du Languedoc-Cévennes : chênes verts de plaine, châtaigniers de l’étage collinaire, hêtres et épicéas de l’étage montagnard. De plus, durant la saison mycologique, il avait l’opportunité d’examiner, à la Faculté de Pharmacie, les récoltes du public et des étudiants, provenant parfois de contrées éloignées. Il avait tôt fait, alors, de déceler les apports étrangers à la région, de même qu’il reconnaissait immédiatement la provenance des récoltes en fonction de la composition des paniers. Il fut par ailleurs l’un des trois créateurs des Journées Mycologiques de Bédarieux (avec René-Charles Azéma et Juliette Doniès) et tous les Cortinaires récoltés passaient entre ses mains… À une époque où l’usage du microscope était loin de connaître le développement actuel, il organisa notamment, durant ces journées, au début des années 1970, un stage d’initiation à la microscopie à l’intention de quelques membres de la Fédération Mycologique Dauphiné-Savoie ; ce stage fut suivi par certains mycologues devenus par la suite des spécialistes de très haut niveau. Enfin, il participa le plus fréquemment possible à diverses manifestations mycologiques hors région, avec une prédilection pour le Jura d’où était originaire son épouse, mais aussi les Alpes, les Pyrénées et l’Ouest du pays. Il était également très impliqué dans le tissu associatif, animant jusqu’aux toutes dernières années la section mycologique de la Société d’Horticulture et d’Histoire Naturelle de l’Hérault, assurant notamment des conférences de vulgarisation à l’intention du public. Il supervisait également l’organisation régulière de salons du Champignon à Montpellier. Il participait enfin activement à la vie de la Fédération des Associations Mycologiques Méditerranéennes dont il encouragea activement la création et dont il fut un des grands animateurs. Doté d’un coup d’œil extrêmement sûr et d’une mémoire étonnante, Georges Chevassut se distinguait aussi par sa grande disponibilité, son enthousiasme communicatif, son constant souci de pédagogie – il est l’auteur de nombreuses plaquettes d’initiation à l’usage du grand public – , son opiniâtreté acharnée au travail, son extrême générosité, sa tolérance envers les autres et son caractère toujours égal. C’est un chercheur passionné, et – combinaison pas si fréquente –, un grand scientifique capable de dispenser une vulgarisation de qualité qui est parti, discrètement et paisiblement, le 13 juillet 2003. Paul Bertéa et Monique Moutet |
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