Enfant et campagne     

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II. L'ENFANT A LA DECOUVERTE DE L'ENVIRONNEMENT RURAL :
LE POINT DE VUE DU GEOGRAPHE

« Bien sûr il faut que la France se développe et vive. Mais on peut arriver à ce résultat sans la défigurer. ».

J.-S. Sacy

Et pourtant nombreux sont les paysages défigurés, ou menacés de l'être...

Cette constatation ne peut laisser le géographe indifférent. Elle le concerne directement dans la mesure où la géographie, science de l'étude des paysages insiste aussi sur la notion de milieux. Ceux-ci ne peuvent être envisagés que sous un aspect global, l'homme dans son milieu, c'est-à-dire dans une perspective essentiellement dynamique et non seulement descriptive. L'enseignement rénové, à l'école élémentaire en particulier, a montré combien la notion de milieu vécu était fondamentale pour la formation du jeune enfant.

L'approche du milieu est autre chose qu'une nomenclature de la morphologie. Le paysage sur lequel travaille le géographe est un ensemble complexe où l'on ne peut dissocier le cadre physique, « naturel », les phénomènes humains qui y prennent place, la manière dont l'homme le ressent (réactions subjectives, esthétiques...).

L'environnement proche, quel qu'il soit, est un paysage, parfois considéré à tort par les adultes comme « peu caractéristique » ou pauvre. Pour l'enfant, il possède une originalité, même s'il partage ses caractéristiques avec d'autres ZUP ou d'autres villages. C'est ce qu'il faut faire découvrir à l'enfant pour qu'il prenne conscience de ses responsabilités immédiates et futures face au milieu.

I — LES ATTEINTES AU PAYSAGE

La menace est plus ou moins grave selon les régions, mais, depuis quelque temps, la presse régionale ou nationale s'en fait largement l'écho, sur un ton parfois polémique. Attaques et réponses se succèdent, promettant études et mesures précises, attirant l'attention sur certaines conséquences de l'urbanisation, de l'exploitation intensive de certaines ressources naturelles, des implantations industrielles anarchiques, des opérations de remembrement, etc.

PAYSAGES AMENAGES...
(note)

Les exemples les plus caractéristiques de ces dernières années concernent l'aménagement de la côte Languedoc-Roussillon et les projets en cours pour la côte Aquitaine. Aspects positifs ou négatifs peuvent être discutés et le jugement relève de l'opinion individuelle ; mais tous posent le même problème de l'action de l'homme sur l'environnement, des changements sans retour qu'elle peut entraîner. D'autres opérations sont à l'état de projet, mais toutes offrent en perspective d'importantes atteintes au paysage :

— besoins du développement urbain et création de villes nouvelles (région parisienne, Basse Seine) en raison des migrations de population, de la croissance de la population urbaine.

— création d'équipements routiers ou aériens : Roissy-en-France, autoroute Paris-Reims qui doit écorner le bois de Vincennes.

— projets régionaux de grande ampleur  : à Nice l'urbanisation de la basse vallée du Var paraît être la seule issue à l'expansion de la ville. De plus, il existe un vaste projet de remodelage de la côte pour la création de l'aéroport de Nice (220 ha gagnés sur la mer, création de 40 000 m2 de plages artificielles, écrêtage d'une colline voisine) ;

— rectifications de cours d'eau, assainissement des zones inondables (suppressions d'arbres, lignes géométriques introduites dans la campagne...)

Certains paysages caractéristiques sont à l'heure actuelle menacés de disparition à plus ou moins brève échéance. L'exemple le plus net est celui du remembrement, entraînant la disparition irrémédiable d'un paysage dont les structures profondes remontent au Moyen Age. Ce n'est pas faire preuve d'un attachement excessif au passé, que de présenter des réserves d'ordre esthétique, (beauté du paysage de bocage par exemple) ou même économique ; les défrichements intensifs ont parfois des conséquences imprévues :

— la disparition d'une forêt peut entraîner des modifications climatiques importantes (dans le Cher on assiste de ce fait à une recrudescence des chutes de grêle...) une érosion des sols (ruissellement, appauvrissement...) une modification du régime des eaux...)
— les haies elles-mêmes tendent à être réhabilitées : des études récentes montrent qu'elles abritent une faune qui contribue à l'équilibre naturel (oiseaux, rongeurs) dont la rupture entraîne souvent une prolifération d'insectes.

Là encore interviennent des impératifs économiques. La densité optimum des haies peut être déterminée non seulement par les conditions climatiques (force et direction dominante du vent) mais aussi par les problèmes de rentabilité dans une agriculture de plus en plus mécanisée (découpage des parcelles, entretien...).

Tous ces exemples concernent des projets récents ayant fait l'objet d'études d'ensemble. Mais ces dernières années combien d'opérations immobilières menées anarchiquement ont-elles défiguré à jamais les paysages de la côte d'Azur et de l'arrière-pays ?

PAYSAGES DEFIGURES...

« La France transformée en gruyère... » : la polémique autour des carrières est illustrée par cet extrait d'article de l'Express (8. 14 janvier 1973).

La France transformée en gruyère

Toujours plus de béton, toujours plus de sable, donc plus de trous. Mais un coup de frein se prépare.

« La prairie normande ne doit pas être transformée en trous d'eau. » Ce cri de guerre mobilise toute la vallée de l'Eure. Région réputée pour le calme de ses vallons, mais aussi pour la distinction et l'influence de ceux qui y possèdent des résidences secondaires.
Motif de leur inquiétude : les sabliers menacent de transformer leurs villages en cités lacustres à force de creuser le sol à la recherche de sable et de cailloux.
La vallée de l'Eure n'est pas la seule en révolte : quelques centaines de manifestants ont protesté, récemment, dans les rues de Tourrette-Levens, près de Nice, contre la vente à un carrier du site du Mont-Revel ; des élus alsaciens s'inquiètent des gravières multiples qui défigurent la vallée du Rhin entre Strasbourg et Colmar. Même son de cloche au bord de la Loire, de la Garonne, de la Saône et de la Moselle. A croire que toute la France est menacée de ressembler à un gruyère.
Elle l'est, si l'on n'y prend garde : 220 millions de tonnes de sable et de graviers ont été consommées en France, l'an dernier. Ce chiffre double tous les sept ans. Routes, immeubles, barrages, digues : les villes et l'industrie réclament toujours plus de béton, donc toujours plus de sable et de cailloux. Pour répondre aux besoins grandissants, les sabliers ont reçu toute liberté, à commencer par celle d'user et d'abuser du sol, comme personne, en France, ne l'avait jamais fait.

En vert. Les militants de là vallée de l'Eure viennent de s'apercevoir qu'il n'était pas facile de mettre fin à ces droits exorbitants. « Quand je suis arrivé à la mairie, en mars 1971, j'ai été stupéfait de trouver sur mon bureau une demande d'exploitation de 545 ha, sur nos terres et celles des trois communes voisines », explique M. Max Ferrand, maire d'Hardencourt. Stupéfaction bien compréhensible : le site d'Hardencourt est tellement protégé que l'Administration obligea un jour le propriétaire d'un poulailler à en peindre le toit en vert pour qu'il se confonde avec les champs.
Devant la menace des sabliers, bien plus grave pour leur environnement, les quatre maires ont rédigé un rapport exposant leurs inquiétudes : la destruction du site, les trous d'eau aux pentes raides, où risquent de se noyer les enfants, le bruit des trieuses et des concasseuses, les camions qui défoncent les petites routes, la pollution qui menace, au-delà des ballastières, la nappe phréatique et l'Eure elle-même. Le tout, pendant quinze ans.
« Nous voulons au moins être sûrs que les trous seront aménagés et bordés d'arbres, explique M. Daniel Noël, adjoint au maire. Mais, même si nous n'obtenons pas cette garantie, nous savons que, de toute façon, l'Administration peut se passer de notre accord, et exproprier d'office les propriétaires récalcitrants. »
Du coup, tous les propriétaires, de Chartres aux Andelys, s'affolent. L'inscription de la région à l'Inventaire des sites pittoresques ne les a pas rassurés. L'Amicale des vallées de l'Eure, de l'Avre et de la Biaise déclare : « Nous irons, s'il le faut, jusqu'au Conseil d'Etat, pour dénoncer l'insuffisance des réglementations. Et les dérogations. »(...)

Mettre un frein à la liberté des sabliers et des carriers exigerait, en effet, beaucoup de fermeté : 250 entreprises, dispersées à travers la France, se partagent un chiffre d'affaires de 4 milliards de francs. Peu d'investissements, mais une fantastique rentabilité. Certains sabliers arrivent à vendre leur terrain quatre fois : ils vendent d'abord les arbres, puis le terreau à des horticulteurs, ensuite le gravier, motif officiel de l'entreprise. Et, enfin, le trou que l'on transformera en décharge, ou en étang à l'usage des pêcheurs. A ce rythme, le sable serait de l'or, s'il n'y avait le coût du transport. Le seul problème de la profession, c'est d'être au plus près du lieu de construction : « Sous la place de la Concorde, je suis sûr qu'il y a un excellent gravier », dit le directeur, rêveur, d'une importante société de ballastières (...). Alertés par les manifestations, qui se succèdent de toutes parts, les fonctionnaires de l'Environnement préparent, pour la fin du mois de février, en liaison avec le ministère de l'Industrie, des textes qui limiteraient les droits des sabliers et les obligeraient à réaménager à leurs frais les ballastières épuisées. Une taxe serait même créée pour alimenter un fonds destiné à ces aménagements. Elle permettrait aussi de dresser un inventaire, jamais fait, des ressources disponibles et exploitables en France.

La profession tout entière s'insurge. Pourtant, ce remède, avant même d'être appliqué, risque d'être insuffisant. Quand les vallées auront toutes été transformées en lacs et en étangs, où ira-t-on ? Dans la Manche, comme le font les Anglais depuis dix ans ? Mais les pêcheurs normands commencent déjà à protester.

Reste une solution : utiliser, dans le béton, d'autres matériaux : des pierres concassées, des argiles cuites ou des schistes expansés comme le font déjà les Allemands et les Suédois. Ce serait la fin des sablières. Et aussi des sabliers.

F. Monier

Il est aussi des atteintes moins perceptibles : les décharges à proximité des villes, en milieu rural mettent en cause des mentalités, des comportements individuels ou collectifs : décharges clandestines, cimetières de voiture... Circuits de ramassage, usines de transformation ne résolvent pas tous les problèmes : déchets toxiques, emballages perdus... Sommes-nous une civilisation des déchets ?

Les constructions anarchiques ou de goût douteux (formes, couleurs), certaines implantations de locaux préfabriqués, de lignes électriques défigurent souvent le paysage, sans parler de la multiplication des panneaux publicitaires...

Erreurs, ignorances, dangers graves mettent en évidence la nécessité d'une action, tant au plan collectif qu'individuel.

II - POUR UNE POLITIQUE D'AMÉNAGEMENT ET DE PROTECTION DU PATRIMOINE.

La presse fait souvent écho aux problèmes de protection des sites ainsi qu'en témoigne cet article du Monde du 9 décembre 1972 (note).

« Parmi les questions relatives à l'environnement, le problème du respect du milieu prend une importance grandissante. La population, les autorités locales, régionales ou nationales sont de plus en plus fréquemment alertées sur les risques que font courir au patrimoine naturel et paysager les tentatives anarchiques d'implantations d'activités nouvelles ou d'ensembles d'habitat. De plus en plus apparaît la nécessité d'une politique concertée d'occupation des sols, tenant compte à la fois d'impératifs économiques, démographiques, etc., mais aussi de l'intérêt de la végétation ou des paysages, de leur valeur esthétique, c'est-à-dire qu'il s'agit en fait dans le cadre des projets à plus ou moins grande échelle (régionaux ou locaux) de déterminer la part respective des possibilités d'aménagement des paysages ou au contraire des raisons de nécessaires mesures protectrices.

Or, les instances chargées d'élaborer les projets rencontrent souvent bien des difficultés. Elles sont en partie dues au fait que la réflexion sur les problèmes du paysage est peu avancée en France. Trop souvent, l'approche se fait de manière intuitive, subjective ; il est bien difficile de définir le charme, la beauté d'un paysage, d'expliquer pourquoi il est particulièrement apprécié (variation selon les points de vue : habitants, touristes). Dans ces conditions, la communication peut devenir impossible avec le « technicien » chargé de l'étude d'un projet d'aménagement d'aéroport, de redressement du cours d'une rivière...

La science des paysages est en effet pour ainsi dire inconnue en France. Il en est différemment dans d'autres pays, les Pays-Bas en particulier, où depuis longtemps le paysage est considéré comme un facteur d'aménagement. (H. Delmond. Ingénieur général des Ponts et Chaussées, délégué régional à l'Environnement. Cahier de l'O R E A L M, n°7.)»

Toute action nécessite une double réflexion sur les notions de sites et de paysages.

LA PROTECTION DES SITES

Un parc pour le marais poitevin (Le Monde - 21 octobre 1972)

« Poitiers — Avant la fin de l'année, le parc naturel régional du Marais poitevin et du Val de Sèvres sera sans doute officiellement créé si, comme le souhaitent les collectivités locales des trois départements (Deux-Sèvres, Vendée et Charente-Maritime) le gouvernement le décide.

Depuis quatre ans un groupe de travail met au point la constitution du parc. Ce dernier s'articule autour de la Sèvre niortaise et de ses affluents, et s'appuie sur les forêts de Mervent-Vouvant, Benon, Chizé et l'Hermitain, et sur quelques réserves particulièrement protégées, le Fier-d'Ars (sur l'Ile de Ré), la pointe d'Arçay, la haie de l'Aiguillon et l'Ile Charroin. En janvier 1970, le groupe de travail s'est transformé en association pour l'étude et l'aménagement des espaces verts et des plans d'eau du centre-ouest atlantique, qui a dirigé ses travaux dans quatre directions : protection de la nature et des sites, économie, tourisme et animation rurale.

Au cours d'une récente journée d'étude tenue à Celles-sur-Belle (Deux-Sèvres) les membres de l'association ont rappelé des souhaits déjà formulés à plusieurs reprises : plus de bateaux à moteur sur les conches du Marais poitevin, ou seulement des embarcations utilisant l'énergie électrique ; application stricte de la réglementation pour obtenir dans tous les plans d'eau, marais et rivières, une eau pure : amélioration de l'équipement hôtelier et uniformisation des organismes des gîtes ruraux et équestres, ou qui assurent le camping à la ferme. Selon l'association, il serait également souhaitable d'augmenter la production maraîchère pour arriver à l'expansion d'une industrie alimentaire. Mais les propositions les plus originales ont trait à l'animation rurale qui, « liée aux équipements et aux hommes, n'est pas seulement animation culturelle ». Des créations ont été proposées : musées de plein air, coopératives d'artisans, restauration de maisons anciennes. »

Les marais
de la presqu'île de Guérande seront
sauvés

(Le Monde 2 décembre 1972)

« Saint-Nazaire — Les marais salants de la presqu'île guérandaise, dans la Loire Atlantique, seront protégés. C'est la décision annoncée le vendredi 1er décembre par M. Robert Poujade, ministre de l'Environnement, qui visitait la région en compagnie de M. Olivier Guichard, ministre de l'aménagement du territoire et de l'équipement, maire de La Baule.

Depuis de longs mois, la question de la survie des paludiers de Guérande et de Mesquer était posée (Le Monde du 2 octobre 1971) « Nous avons décidé, a déclaré M. Poujade, une protection du site justement parce que la vie des habitants, l'écologie et le paysage ne peuvent pas, ici, être dissociés. Un classement en zone protégée n'aurait pas réglé le problème économique posé aux producteurs de sel. »

L'idée remonte au début du XXe siècle (apparition des grands barrages) mais connaît une faveur croissante et les Français commencent à en découvrir la nécessité. Des organismes locaux se créent, en liaison avec la commission nationale des sites pour une action identique à celle du National Trust anglais.

« A notre époque se fait jour une nouvelle notion des sites protégés et des sites tout court.

Cette nouvelle notion prend naissance dans l'opinion publique elle-même, qui s'intéresse de plus en plus aux différents paysages nationaux dans la modification de l'équilibre naturel de l'espace (par suite de l'évolution de l'agriculture) dans la consommation de plus en plus grande de ce dernier, et enfin dans la croissance des villes autour de leurs noyaux anciens et dans la multiplication des résidences.

L'Administration se trouve donc conduite vers une politique active des sites qui canaliserait des phénomènes évolutifs.

Il en résulte un changement complet de l'échelle de la notion de site : la protection ne vise plus seulement le site objet, mais doit embrasser la totalité des zones où s'inscrivent les nouvelles activités humaines et implantations nécessaires. La nature de la protection deviendra une doctrine active orientée vers la mise en valeur des paysages. »

J. Lamy,
Architecte
des bâtiments de France

Cette notion complexe recouvre un ensemble de relations entre :

— un cadre naturel, à la fois géographique et biologique,
— les hommes qui l'habitent,
— leurs activités (action sur le paysage),
— le mode d'habitat : fermes, villages, villes dont l'architecture et la silhouette ont leur originalité...

Souvent, « la vie des habitants, l'écologie et le paysage ne peuvent être dissociés ». Un site peut recouvrir une zone plus ou moins étendue dont on reconnaît le caractère original (critères esthétiques, sociaux, historiques, ethnologiques mêmes...). Toute action est alors extrêmement complexe, difficile à définir et à conduire, elle ne peut être entreprise sans le concours des habitants qui doivent se sentir concernés. Il ne s'agit surtout pas de créer des « réserves » naturelles et humaines.

L'AMÉNAGEMENT DES PAYSAGES

Comment se définissent les caractéristiques d'un paysage ? Toute analyse de paysage comporte une observation des formes de relief, des caractéristiques du sous-sol, du sol, de l'hydrographie et du climat local, de la couverture végétale... Dans le cadre de la protection de l'environnement, ce dernier élément a un rôle particulièrement fondamental : il est le plus menacé par l'action humaine directe.

Les caractéristiques de la végétation représentent un élément visuel particulièrement important pour l'architecture même du paysage, à qui elles donnent son originalité, au moins dans les pays de relief peu contrasté. Outre son rôle dans l'aspect actuel il faut aussi considérer que la végétation est un facteur de l'évolution et donc de la « mobilité » des paysages.

L'analyse de l'aspect actuel fait intervenir les caractéristiques suivantes :

la structure : l'aspect des formations végétales détermine :
    des structures simples (arbres, ou arbustes (landes, vergers), ou plantes herbacées (prairies, cultures) ;
    des structures complexes, par combinaison des formations simples (arbres et arbustes ; arbustes et plantes herbacées) ;
les espèces dominantes, marquant particulièrement le paysage : ex. forêt à dominante de résineux ;
le degré d'artificialisation (ou d'intervention humaine, passée ou présente) ; ex. : densité végétale aux abords des villes, dans le tissu urbain ; cultures maraîchères aux abords des villes. Mais l'apparence du paysage est toujours susceptible de modifications et recèle des possibilités de mobilité, en fonction :

de facteurs internes : modification des conditions physiques pouvant entraîner la régression ou la disparition de certaines espèces (ex. processus de dégradation des sols sous l'influence du reboisement excessif en résineux).

de facteurs externes dus à l'influence humaine : activités économiques (variations de l'occupation des sols en agriculture), urbanisation (interpénétration ville-campagne), développement de travaux d'infrastructure routière...).

a) une fréquentation intense de la forêt, dans le cadre des activités touristiques ou de loisirs, entraîne une dégradation des peuplements forestiers : destruction ou dépérissement d'arbres, éclaircissement du taillis, suppression progressive du sous-bois, disparition de la régénération naturelle (piétinement, tassement du sol), vieillissement de la futaie.

« A la futaie forestière peut souvent se substituer une futaie jardinée, puis à la longue, un parc, après remplacement des arbres d'origine par des essences fréquemment horticoles et par des engazonnements. »

b) II y a souvent contradiction entre le tracé le moins coûteux et celui qui respecte le milieu au maximum. Ce problème est particulièrement aigu à l'heure actuelle (tracé des autoroutes en projet).

c) « De l'avis des forestiers et des écologistes, l'urbanisation de la forêt signifie sa suppression à terme. Ceci est dû à des raisons écologiques : destruction des arbres, dépérissement après perturbation du milieu, régénération naturelle impossible, et à des raisons psychosociologiques : ombrages des arbres, humidité, présence des insectes, aspect « oppressant » du milieu... Ce qui pousse petit à petit à se débarrasser des arbres. Les clairières s'agrandissent et comme nous l'avons déjà vu pour les activités de loisirs, les essences horticoles, ainsi que les gazons apparaissent et l'on passe ainsi progressivement d'une forêt à un parc. Seules des densités très faibles de construction peuvent éviter en partie ces inconvénients. Dans ces conditions ne vaut-il pas mieux construire à proximité du cadre boisé plutôt qu'à l'intérieur ? »

— Le respect du patrimoine paysager, la protection des sites s'appuie sur la notion de « capital vert » ensemble des sites biologiques devant être protégés en priorité, en raison de la sensibilité de la végétation aux aménagements. Cette sensibilité (mesurée par la vitesse de cicatrisation de la végétation) correspond au temps nécessaire, après l'abandon d'un milieu anciennement cultivé, pour que la végétation spontanée évolue vers une végétation forestière.

La vitesse de cicatrisation est bien sûr plus grande sur un milieu riche que sur un milieu pauvre, tout projet d'aménagement doit très largement tenir compte de ces faits.

On peut en conclure que la végétation forestière sur un milieu pauvre est plus à protéger à cause de sa « sensibilité » que la végétation forestière sur un milieu riche. Mais on peut aussi en conclure qu'une friche récente sur milieu pauvre est « à sacrifier » plutôt qu'une futaie sur milieu riche.

De ces principes, on dégage un ordre de priorité pour les choix des formations végétales à urbaniser ou à aménager, compte tenu de leur sensibilité :

1. — les formations végétales peu évoluées comme les pelouses herbeuses ou les landes de ligneux bas car le capital végétal acquis est minime et récupérable relativement facilement. Ces zones sont classées peu sensibles et assez sensibles.

2. — les formations végétales plus évoluées comme les landes basses ou hautes à vitesse de cicatrisation assez rapide ou rapide. Elles sont classées comme moyennement sensibles. 13

3. — Les forêts à vitesse de cicatrisation assez rapide et rapide.

Dans tous les cas, il faudra rigoureusement éviter de toucher aux forêts et landes à vitesse de cicatrisation lente ou assez lente, c'est-à-dire à celles qui sont classées très sensibles et sensibles.

La terre laissée à l'abandon devient dans les pays de l'Ouest de la France une lande à genêts et à ajoncs, dans le midi une garrigue, ailleurs une friche. Dans tous les cas les solutions d'avenir peuvent correspondre à trois choix différents :

— laisser cette terre dans cet état improductif ;
— la transformer en culture ;
— la boiser.

L'analyse, du point de vue économique, esthétique, etc., doit permettre de prendre des décisions rationnelles dans chaque cas particulier.

Les mesures de protection ou d'aménagement s'appuient également sur l'étude détaillée :

des types de paysages (paysage ouvert ou fermé, paysage compartimenté) dont la combinaison forme au niveau régional des ensembles paysagers ;

des unités de paysages, définies par deux séries de facteurs :

    ceux qui concernent la situation du paysage (situation dominée ou dominante) dépendant pour beaucoup du relief, des limites boisées ou construites et plus généralement de tous les obstacles à la vue ;

    ceux qui concernent la morphologie interne des espaces. Les types d'occupation du sol se traduisent par la juxtaposition d'éléments très divers : champs, haies, bosquets, forêts, habitations isolées, villages, réseau d'infrastructures... forment des arrangements ou des combinaisons plus ou moins complexes constituant des micro paysages à échelle et ambiance visuelles bien individualisées.

C'est la connaissance de ces unités de paysage, désormais reconnue indispensable, qui doit permettre aux urbanistes, aux promoteurs, aux responsables de l'aménagement d'élaborer des projets tenant compte des impératifs du respect du milieu. Ces unités de paysage se caractérisent par :
— des possibilités de mise en valeur, en fonction de la richesse du patrimoine culturel (monuments), forestier, paysager, du développement touristique actuel ou potentiel ;
— une certaine vulnérabilité : toute intervention humaine entraîne des conséquences qu'il est souvent difficile d'imaginer complètement a priori.

La politique d'aménagement suppose donc, à tous les niveaux :
— un recensement des unités de paysage,
— la connaissance des menaces éventuelles, dans une pensée prospective (par exemple, rechercher l'effet dans l'avenir des tendances d'urbanisation spontanée actuelle).
— des études précises permettant des choix clairs et conscients : des plans de paysage dans le cadre plus large des SDAU (Schémas directeurs d'aménagement et d'urbanisme) et POS (Plans d'occupation des sols).
Exemple : le plan de paysage élaboré pour la commune de Rochecorbon (Indre-et-Loire) : « Ce plan propose l'utilisation et l'aménagement du paysage et micro paysage de la commune. »

III. — POUR UNE NÉCESSAIRE PRISE DE CONSCIENCE

L'exposé qui précède met en évidence l'importance du rôle des pouvoirs publics : mesures de protection, exigence d'études détaillées, réglementation et contrôle efficace des instances spécialisées responsables. Mais tout cela n'est rien s'il n'existe pas au niveau individuel comme au niveau collectif une claire conscience des responsabilités et des choix à opérer pour préserver une certaine qualité de la vie.

« Cela nécessitera un réexamen des priorités sociales, un changement dans les attitudes et les jugements de valeur. Le but ultime doit être d'arriver à un équilibre dynamique entre l'homme et son environnement, qui permette une expression et un développement complet des plus hautes virtualités humaines ».

RECOMMANDATIONS DE LA PREMIÈRE CONFÉRENCE MONDIALE SUR L'ENVIRONNEMENT (STOCKHOLM 1972)

L'avenir du patrimoine naturel repose en fait sur une indispensable information, dispensée à l'heure actuelle par les média et reçue de manière plus ou moins superficielle ou inorganisée, mais surtout sur la formation de l'individu et du citoyen responsables. C'est à l'école d'y travailler en tout premier lieu, en particulier dans le cadre des activités d'éveil.

Diverses possibilités s'offrent aux maîtres, en liaison avec le caractère interdisciplinaire des activités d'éveil. Articles de journaux, schémas et cartes proposées ici peuvent suggérer aux enseignants de divers niveaux les directions de recherche suivantes :

l'utilisation des moyens offerts par les média (informations fournies par la presse ou la télévision, les photographies diverses, les revues spécialisées). Il est possible de faire collecter des renseignements sous forme de dossiers, de confronter des points de vue parfois contradictoires, de réfléchir sur la complexité de certains problèmes donnant lieu à polémiques au niveau national, mais aussi et surtout local.
la sensibilisation au milieu local
Par l'éveil au milieu (quartier, ville, village) il importe de faire prendre conscience à l'enfant et à l'adolescent des caractères originaux de paysages ruraux ou urbains, d'habitations, perçus comme inintéressants parce que cadres de la vie quotidienne, de provoquer une curiosité, un intérêt authentique pour le patrimoine monumental, paysager dans son originalité géographique, historique, esthétique... (enquêtes, reportages, mise au point de relevés, de croquis).
— entreprendre une éducation de la sensibilité et du goût :
restaurations douteuses, mutilations irrémédiables (résidences secondaires), constructions neuves plus ou moins bien intégrées au paysage, implantation d'équipements (lignes électriques).
Hélas, cette éducation fait souvent défaut aux adultes dont l'attention peut parfois être alertée par l'intermédiaire des enfants.
— faire prendre conscience des responsabilités individuelles dès le plus jeune âge.
Toute action suppose responsabilité devant la communauté locale ou nationale : la pollution, ce peut être moi-même, mes parents, mes voisins, etc. Divers moyens peuvent être utilisés : enquête, reportages photographiques, concours, expositions, élaboration de projets, etc.
— multiplier les échanges (correspondance).
Comment le problème se pose-t-il ailleurs ?
Quelle différence y a-t-il entre l'attitude du touriste et celle du résident ?
Le développement de telles attitudes chez l'enfant pourrait sans doute soutenir à la fois la création d'associations de sauvegarde locales, une action à entreprendre au niveau communal, départemental, régional pour une protection, une mise en valeur de l'environnement à l'usage du touriste mais aussi de l'habitant.
Responsable dans son village et son quartier, l'enfant peut alors espérer devenir un adulte à l'écoute du monde, respectant le cadre de vie des autres.

Pour sauver les Lauzes des Cévennes (Le Monde du 21 octobre 1972)
« On a beaucoup parlé des Cévennes cette année (...)
Ce qu'elles offrent de plus original, c'est une certaine unité du paysage avec lequel les vieilles fermes font corps. Laisser rompre ce fragile équilibre équivaut à priver les Cévennes de leur principal attrait.
Or le tourisme dégrade ce qu'il touche. Une fois lancé, on ne sait guère ce qu'il respectera. A l'évidence on voudrait, en Cévennes, en retirer le maximum en faveur des habitants, afin de freiner l'exode rural (...) Dès l'abord une question se pose : doit-on exploiter la région par tous les moyens ou tentera-t-on d'y développer une sorte de tourisme d'élite, réservé à ceux qui sont décidés à mériter le calme, la dignité et le caractère du pays, en respectant, d'autre part, ses habitants. (...)
Si l'on veut protéger une région, lui permettre de vivre en conservant son caractère et la présenter au tourisme international, il faudrait savoir d'abord quel genre de touristes on veut attirer et dans quelles conditions leur venue peut devenir une réussite. Ensuite il faudra informer, informer sans se lasser, les gens du pays d'abord, les responsables à tous les échelons et le grand public, des disciplines que cela comporte.
"Sinon on laisse un vieux pays se transformer en banlieue. »
« L'ère du monde fini commence »

P. Valéry

Le paysage est une création de l'homme. C'est une création historique et récente. Ce n'est pas le fait de le transformer qui est blâmable, mais le fait de le transformer de façon incontrôlée, anarchique et en vue d'intérêts particuliers. Le paysage doit être une création collective et responsable.

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Note du webmestre : rappelons que ce texte date de 1973. Il reste toujours d'une cuisante actualité, certaines de ses prévisions sont devenues réalités comme le lecteur pourra facilement le vérifier (cf. aéroport de Nice par exemple).

Mon coup de coeur
l'Oasis Bellecombe

La cabane aux sorcières dans les arbres de l'éco-site Oasis Bellecombe

La cabane des sorcières dans les arbres sous la neige au réveil !

Deux super nuits passées (à 70 ans !) dans la cabane aux sorcières dans les arbres de l'éco-site Oasis Bellecombe avec la surprise de la neige au réveil ! A découvrir, en compagnie de Michel votre hôte passionné, par les amoureux de la nature et de sa conservation (accueil aussi en yourte, tipi, roulotte ou votre tente)

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Dernière mise à jour du site le 21/03/2018
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