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Dimension interculturelle
Dès 1970, à l'initiative du Club de Rome et à la suite de la publication par le Massachusetts Institute of Technology du rapport Meadows sur les "limites de la croissance" l'hypothèse aveuglément admise d'une possibilité de croissance économique illimitée comme modèle économique et social prévalant au niveau planétaire a été remise en question. Cet effort de réflexion interdisciplinaire a entraîné une révision totale de la pensée occidentale, qui a été suivie quelques années plus tard lors de la conférence de Stockholm et du rapport Brundtland (1987), par la nécessité d'intégrer la dimension écologique dans le projet économique. De nombreuses organisations scientifiques et des chercheurs en écologie ont décrit et expliqué, documents et statistiques précis à l'appui, la nature et le rythme de plusieurs des processus qui ébranlent les équilibres de base de notre terre : désertifications, pollutions graves dans l'atmosphère, dans les nappes phréatiques, les fleuves et les océans ; détérioration de la couche d'ozone; rejets chimiques de CO, CO2 et chlorofluorocarbone (CFC) ; déchets radioactifs non contrôlés. Ces changements ont entraîné des modifications sérieuses du niveau des ressources naturelles : énergétiques, hydrauliques, forestières, etc. Nous avons assisté dernièrement à des catastrophes brutales, Bhopâl, Tchernobyl et les catastrophes écologiques provoquées par certaines exploitations pétrolières et minières qui sont de très bons exemples. Elles montrent comment l'humanité peine à mettre en question sa conception et ses modes de vie, sa manière de produire et de consommer. La conférence de Rio de Janeiro sur l'avenir de notre planète (1992) a mis en question le développement irrationnel illimité fondé sur le mythe du progrès. Cependant, c'est en se basant sur ce type de progrès que les représentants de certains des pays industrialisés, se sont opposés aux accords de cette conférence concernant la protection du climat et le respect de la biodiversité biologique. Et pourtant, depuis environ un siècle, la révolution industrielle et la mécanisation à outrance, font courir un risque d'autodestruction du genre humain, par l'épuisement des ressources naturelles non renouvelables et la fabrication de déchets dangereux. Il faut regretter ces réticences à vouloir suivre un programme capable d'intégrer les aspects fondamentaux pour imaginer un développement durable et construire des véritables réponses au défi écologique contemporain. Un aspect positif de la conférence de Rio de Janeiro a été la mise en évidence de la nécessité d'une conscience planétaire et de la nécessité d'une solidarité entre les peuples pour assumer leur défi commun et garantir la survie de notre espèce. Rapport Homme-biosphère Nous considérons que les rapports homme-biosphère peuvent s'expliquer au travers de la vision du monde détenue par chaque peuple. Celle-ci implique une manière de vivre, de produire et de consommer. Le rôle de la culture dans les rapports de l'homme avec la nature est le point de départ de la conception d'un développement durable qui puisse garantir la survie de l'espèce dans un cadre d'harmonie et de réciprocité avec la nature. Les rapports homme-nature sont verticaux : Le Dieu, généralement créateur, domine l'homme, "créé à son image" et se situe à la tête de la pyramide ; vient ensuite, sans aucune interconnexion, la faune, la flore, le minéral, l'eau et l'atmosphère. De là est née certainement cette idée que l'homme peut à son gré transformer et dominer la nature, puisqu'il serait supérieur à tout, juste après Dieu. A l'opposé, dans l'antiquité, l'homme croyait que chaque source, chaque colline possédait son propre gardien spirituel. Il en va de même pour les Indiens de l'Amérique du Nord, de la région andine et de l'Amazonie, entre autres peuples, pour qui chaque animal, chaque montagne ou fleuve, chaque plante possède une âme, un esprit : la terre est le centre autour duquel gravitent tous les éléments appartenant à un système vivant dans lequel sont reliés tous ces composants, la mère terre "marna pacha" dans la conception indigène andine, Gaïa nom de la déesse de la terre chez les grecs. On pourrait appeler cette vision du monde : biogéocentrique. Enfin, l'imposition de la culture écrite à travers l'école moderne a marginalisé tout un ensemble de savoirs des cultures traditionnelles de la planète, transmises par la culture orale. Ce processus historique a créé de fausses oppositions entre le savoir dominant et les savoirs dominés ; entre la société traditionnelle et la modernité ; entre l'espace et le temps ; entre l'intuition et la rationalité et principalement entre la culture et la nature. Tout cela a signifié une énorme perte du patrimoine culturel de l'humanité. Quels rapports entre culture et nature ? Parler de développement durable ne constitue pas une légère intégration de l'aspect écologique dans le cadre de la production économique, elle implique de repenser sur les fondements essentielles de la société humaine contemporaine. Elle implique aussi un changement vital, une autre manière de vivre. Le défi écologique englobe ainsi un défi éthique, considéré comme une prise de conscience sur le respect de la nature, et à l'apprentissage d'un respect pour nous même en tant qu'espèce. Nous devons imaginer une nouvelle approche de la solidarité et du partage du fait que nous habitons le même espace et nous naviguons sur le même bateau au delà de la perversité des intérêts de la géopolitique. Nous sommes obligés de repenser les nouvelles bases d'un projet de société planétaire qui puisse garantir notre survie et notre reproduction historique dans un cadre d'harmonie et de réciprocité avec l'environnement.
POUR EN SAVOIR PLUS
Claude Auroi.
André M. d'Ans.
Philippe Descola.
Edgar Marin, Anne Brigitte Kern. dernière mise à jour : 21/03/2018 |
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