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La dégradation progressive des forêts
La disparition, ou la dégradation progressive des forêts de notre planète, quelles que soient par ailleurs les augmentations, ou améliorations locales, est un fait global avéré. Elle a pour cause essentielle les modalités actuelles de l'activité économique et industrielle, tant sur le plan régional que planétaire (exploitation sylvicole : matière première et combustible ; aménagement du territoire), la pression démographique (défriche, nouvelles terres pour l'agriculture et l'élevage, surpâturage des sous-bois ; énergie) ainsi que les incendies et les différentes formes de pollutions physiques et chimiques (aériennes, aquatiques et terrestres) qui en résultent. Il s'agit d'un problème majeur, à long terme, qui accompagne d'autres perturbations pouvant mettre en cause, si elles persistent et s'amplifient, le maintien et le développement nécessaire des sociétés actuelles : diminution de la concentration en ozone stratosphérique (augmentation du rayonnement ultraviolet, diminution de l'effet de serre), augmentation du même gaz dans la troposphère (toxicité) ; accentuation de l'effet de serre (CO2, CH4, N2O, CFC, aérosol de sulfate) ; augmentation de la salinité et de l'acidité des eaux douces, eutrophisation des lacs et rivières ; accumulation des métaux lourds en milieu terrestre ; augmentation de la température, de l'érosion et du cycle de l'eau ; élévation du niveau des mers, etc... La diminution de l'écosystème forestier, voire la désertification par érosion, concerne plutôt les pays en voie de développement alors que le dépérissement ou le mauvais état de santé des arbres (stress, vieillissement) se retrouve davantage dans les pays développés (fort PIB, faible démographie).
Situation actuelle Les forêts, dans le passé, ont occupé des surfaces considérables (90% de la surface en Europe). Dès le néolithique, la déforestation, pour libérer des surfaces agricoles et urbaines ainsi que de la matière première et du combustible, s'est accentuée au fur et à mesure de la pression démographique et de la complexification technique et économique des sociétés. La surface, actuellement utilisée, recouvre 31% des terres émergées (4,2 107 km2) et comprend 80% de la biomasse terrestre, d'où son importance pour la préservation de la biodiversité et le développement durable. 60% de cette phytomasse se trouve en zone intertropicale (1,2 107 km2 contenant 70% du patrimoine génétique). La moitié des forêts tropicales se trouve en Amérique latine, 30% dans l'Asie du Sud-Est, 20% en Afrique. La productivité est d'environ trois fois celle des forêts des zones tempérées et cinq fois celle de la zone boréale. La déforestation concerne surtout ces régions tropicales pour des raisons diverses : exportation vers les pays développés pour obtenir des devises fortes, besoins en combustibles et demande de surface agraire pour une population croissante, perte pour l'urbanisation et le développement industriel indispensable et le réseau de communication, législation insuffisante. Dans les pays développés, la substitution du bois par la technologie du charbon, de l'électricité hydraulique et nucléaire, ainsi que du pétrole, le développement de la sylviculture, une législation de plus en plus efficace vis-à-vis des forêts ont permis un reboisement satisfaisant, dans la majeure partie des cas. Mais ces sociétés, par l'emploi des hydrocarbures pour le chauffage, la production d'électricité et le transport, ont d'un autre côté, entraîné des nuisances sur la santé de l'écosystème forestier. Des mesures contraignantes sont prises pour pallier ces inconvénients, mais le processus est loin d'être totalement maîtrisé, surtout en ce qui concerne l'ozone et le gaz carbonique (accentuation de l'effet de serre naturel).
Perspectives Bien que, par sa présence physique, la biomasse humaine ne représente que la millionième partie de l'ensemble de la masse vivante, nous mettons en jeu, du fait de notre activité économique, une énergie essentiellement non renouvelable correspondant environ à 10% de celle circulant dans la biosphère (énergie renouvelable d'origine solaire). Nous utilisons 6% de la productivité biologique terrestre pour nos besoins (alimentation, combustible, matières premières), notre impact sur les cycles biogéochimiques, suite à l'activité économique est important (4% du flux du carbone, 10% de celui de l'eau, 30% de l'azote, 50% du phosphore, 100% du soufre, etc.). L'emploi du sol est le suivant : 4% pour les habitations, la zone industrielle et le réseau de communication (y compris les rivières), 31% pour les forêts, dont une partie seulement est exploitée, 16% pour l'agriculture et les prairies (mais seulement 10% de sols très fertiles) avec un potentiel d'extension de 10% ; enfin 40% constitués par des surfaces impropres à l'agriculture (déserts, haute montagne, etc...). Vernadsky (1863-1945) avait déjà signalé l'impact de la déforestation sur l'équilibre dynamique du CO2 atmosphérique. Au vu de l'augmentation probable de la température moyenne du globe, de 3 à 5 °C en 50 ans, et de 7 à 20% de la quantité de pluie, il devient urgent de maîtriser les modifications induites dans la biosphère, en adoptant une attitude pragmatique dans la recherche des conditions d'une gestion durable sylvicole et agricole. D'une manière générale, cela passe par une intégration de l'économie et des habitudes de vivre dans le possible des cycles biogéochimiques et de l'équilibre stationnaire thermique et démographique. Autrement, Dame Nature fera son œuvre (régulation naturelle et biologique) accompagnée de séquelles socio-économiques et culturelles. Il faut élargir les conceptions de l'économie dans l'optique de la connecter avec la réalité physique (énergie) et écologique. Des développements sont en cours à travers les comptes du patrimoine, le calcul de l'empreinte écologique, l'économie thermodynamique, la bioéconomie, etc... Au-delà de la technique, l'aspect essentiel est politique et culturel : orientation des choix énergétiques, situation de la femme dans la société et politique de la famille, coopération et concertation internationales concernant la gestion de l'environnement et les modalités d'échanges de toute nature (produits, services, monnaies, flux écologiques). Il n'y a pas lieu d'être pessimiste sur les nouvelles perspectives offertes pour autant que l'on s'engage rapidement vers de nouvelles voies. Nous disposons d'une connaissance et d'outils méthodologiques suffisants pour réussir, encore faudrait-il que la perception de l'urgence soit reconnue. Bien que tous intelligents individuellement, serions-nous "bêtes" collectivement ! POUR EN SAVOIR PLUS
KempI C., Finlanida T., 198G
Meadows D.H., Meadows D.L., Ramiers J., 1992
Ramade F., 1989 |
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