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Il est laid, répugnant ; son haleine peut tuer tous ceux qui le touchent ; il jette des mauvais sorts ; dévaste le nid des oiseaux et donne la mort à celui qui le regarde trop longtemps ! On a longtemps brossé ainsi le portrait du crapaud. Qu'a-t-il fait pour mériter une telle renommée, lui, si débonnaire, inoffensif et utile ? Tout le monde sait à coa, oh pardon, à quoi ressemble un crapaud ; mais au fait comment savoir si l'on a affaire à un crapaud ou à une grenouille ? En règle générale tous les batraciens anoures c'est-à-dire sans queue qui sont laids, qui ont une démarche maladroite, une peau verruqueuse, une silhouette trapue, une vie plutôt terrestre et sautent rarement sont classés parmi les crapauds. Les grenouilles, elles, sont agiles, élégantes et colorées ; leur peau est lisse, humide et luisante ; leur silhouette est élancée et elles ont une vie plutôt aquatique.
C'est au mois de février que Bufo bufo, autrement dit le crapaud commun, sort de sa retraite hivernale, la température se faisant plus douce. C'est aussi, pour lui, le moment où va commencer la période des amours. Une grande migration vers les mares et les étangs va alors débuter. La reproduction de la plupart des batraciens se fait dans l'eau. Lors de l'accouplement, le mâle enserre la femelle de ses bras glissés sous les aisselles ou autour des hanches. La femelle expulsera des ovules que le mâle fécondera une fois ceux-ci à l'extérieur. Un long cordon gélatineux composé de milliers d'œufs sera déposé autour des plantes aquatiques. Ils subiront un remaniement total et rapide de leur anatomie. C'est la métamorphose ; elle durera 2 mois. Durant cette période, les têtards passeront d'une conformation de poisson, avec respiration branchiale à une conformation d'amphibiens adultes à respiration pulmonaire. Les petits crapelets qui mesurent alors 1 cm environ abandonneront l'eau vers l'automne ; ils s'enfonceront dans le sol jusqu'au printemps suivant. En 5 ou 6 ans, ils parviendront à leur taille adulte et les plus chanceux pourront vivre 15 ou 2O ans. Les crapauds sont des animaux à température variable. Comme ils ne sont pas en mesure de maintenir une température interne constante, leur activité suit le rythme des saisons. Chez nous, cette activité est réduite, surtout l'hiver. Il ne s'agit pas d'une véritable hibernation car une légère augmentation de la température suffirait à leur faire retrouver une vie tout à fait active. Examinons la bête plus en détail. Une fois la répulsion pour l'animal surmontée, saisissons-le pour l'observer de plus près. Oh surprise, il n'est même pas gluant, tout juste un peu froid : normal puisque ce n'est pas un animal à sang chaud. Il ne crache ni ne mord ; comment le pourrait-il puisqu'il n'a pas de dents. Ses grands yeux expressifs, couleur cuivre ont une pupille horizontale. Ses pattes de devant possèdent 4 doigts alors que celles de derrière en ont 5 et sont palmées. Sa peau, si intrigante et qui est pour beaucoup la cause de sa mauvaise réputation est à usage multiple. Les verrues que l'on peut y voir sont des glandes cutanées dont certaines sécrètent un mucus permettant à celle-ci, très sensible à la dessiccation, de garder son humidité et son élasticité. D'autres, sécrètent une substance toxique constituant sa seule défense contre ses prédateurs ; même la couleuvre à collier, si friande de batraciens, l'évite. Ce poison n'agit qu'au contact des muqueuses ; il n'y a donc aucun risque à saisir l'animal à main nue. Cette peau va également leur permettre de respirer car leurs poumons ne sont pas suffisamment élaborés pour assurer à eux seuls tous les échanges gazeux nécessaires. L'oxygène de l'air en se dissolvant dans la mince couche de mucus est absorbé directement par le sang qui circule dans les vaisseaux sous-cutanés. Les crapauds bien que vertébrés ne possèdent pas de côtes leur permettant de dilater ni de contracter leurs poumons. Ils aspirent l'air par leurs narines et le font refluer vers les poumons en levant et en abaissant régulièrement le plancher buccal comme s'ils avalaient l'air. Autre particularité de leur peau : elle va leur permettre d'absorber l'eau dont ils ont besoin car ils ne boivent pas par la bouche. Une petite devinette : comment reconnaît-on un mâle d'une femelle ? Plusieurs critères peuvent permettre cette distinction. La taille : 7 à 12 cm pour le mâle, 1O à 18 cm pour la femelle. Le chant : seul le mâle possède cette faculté. Dernière différence notable : le mâle a sous ses pattes de petites pelotes qui lui permettent de mieux agripper la femelle lors de l'accouplement. L'utilité du crapaud ne fait plus aucun doute ; insectes, larves, araignées, vers , son régime alimentaire est impressionnant. Il traque ses proies à l'affût et les attrape en dépliant sa longue langue gluante située à l'avant de sa bouche. En revanche, il est capable de jeûner plusieurs mois. Malgré cela, l'intérêt des crapauds ne concordant pas avec celui des hommes, de grandes menaces continuent à peser sur eux. Pesticides et engrais chimiques leurs sont bien plus qu'à nous néfastes. Cependant, en nous préoccupant de la qualité de l'eau dont nous avons nous aussi tant besoin, eh bien cela devrait également lui être profitable. L'assèchement des zones humides : ces espaces ne sont pas encore reconnus d'intérêt public car guère rentables à l'homme et continuent d'être viabilisés afin d'être cultivables ou habitables. A titre d'exemple, le crapaud vert, Bufo viridis, pour ne citer que celui-là ne se rencontre plus qu'en Alsace ou en Corse. Chez les crapauds comme chez les humains , l'automobile est une cause d'un nombre important de décès. Il arrive parfois que leurs routes coïncident. Tous les ans, lors de la ruée vers l'eau à la fin de l'hiver et à l'automne, lorsqu'ils regagnent leurs quartiers d'hiver, se produisent, lors de ces chassés-croisés, de grandes hécatombes au détriment de la gent batracienne. Pour tenter de remédier à ce massacre, on a été amené à aménager des passages souterrains appelés crapauducs, ou à tendre le long de certaines routes de longues bâches en plastique pour les collecter dans des seaux afin de leur faire traverser celles-ci sans encombre. Voilà, maintenant vous savez tout ou presque sur ce petit animal, insignifiant au demeurant, mais qui renferme, qui l'eut cru, une foule de secrets insoupçonnés.
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