| | Aujourd'hui, la Camargue représente pour beaucoup une terre sauvage et
naturelle où évoluent en toute liberté chevaux, taureaux et flamants roses.
Cette image de nature résulte d'une longue histoire d'adaptation des sociétés
humaines aux contraintes naturelles pour en faire des facteurs de production et
un paysage symbolique.
Affectation de l'espace camarguais
Au fur et à
mesure de la mise en place géologique du delta, dans le cadre d'une économie de
prélèvement, l'homme exploite les ressources. Il récolte du sel, pêche, chasse,
cueille mais ne peut habiter ce milieu régulièrement envahi par les inondations
et les divagations du fleuve et de la mer.
A partir du Moyen Age (1121), il endigue progressivement le delta pour se
protéger.
Dès lors l'histoire de la mise en valeur et de l'occupation humaine de la
Camargue se confond avec la recherche de la maîtrise des eaux douces ou salées.
La Camargue du
début du XIXe siècle n'est encore que très partiellement occupée et tire sa
richesse de la culture du blé et de l'élevage ovin.
La fréquence des inondations, vingt-six entre 1800 et 1856, relance la nécessité
de perfectionner les digues du Rhône, les travaux seront terminés en 1869. Le
projet Surell et Montrichet, présenté en 1850, aboutit à la construction de la
digue à la mer en 1859.
L'agriculture se cantonne sur les bourrelets alluviaux du fleuve et en Camargue
fluvio-Iacustre. Pour dessaler de nouvelles terres, les agriculteurs mettent peu
à peu en place un réseau d'irrigation. La faible productivité du sol et les
frais considérables que nécessite leur mise en valeur engendrent la grande
propriété et une agriculture de type industriel.
L'acquisition,
dans les années 1850 du Vaccarès et des étangs par la société Merle et Cie,
future Cie Péchiney, va établir la première colonisation durable du sud-est de
la Camargue. L'exploitation du sel sur le mode industriel marque le deuxième
grand tournant de l'histoire camarguaise.
Cette activité devient incompatible avec la gestion agricole qui tente d'évacuer
le sel des sols. Or, le Vaccarès et les étangs centraux, réceptacles des eaux
douces de l'agriculture, sont propriété des salins, qui les utilisent comme
surface de concentration.
Deux Camargue
s'opposent alors, une agricole au nord, l'autre salinière au sud dont la gestion
hydraulique du Vaccarès constitue l'enjeu central. Les conflits entre tenants de
l'eau douce et utilisateurs de l'eau salée s'intensifient jusqu'à une entente
décidant du rejet des eaux douces dans le Rhône et du pompage de l'eau salée
dans la mer.
"L'équilibre économique entre le monopole salinier et les propriétaires
agricoles se traduit par l'extraordinaire équilibre hydraulique, sur le plan
écologique, des étangs centraux soumis en effet à part égale aux influences des
eaux douces et des eaux salées. La richesse biologique de cette zone...
intéresse certains naturalistes qui en demandent la protection" (B. Picon). Cela
aboutira, en 1927, à la création de la Réserve Nationale de Camargue.
Ainsi, au début de ce siècle, se met en place une réserve intégrale de nature,
construite sur un milieu artificialisé par l'homme.
Un aménagement hydraulique en Camargue
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