| | Le delta camarguais comprend deux territoires d'origine sédimentaire
distincte. La zone laguno-marine, imprégnée de sel, construite à partir de
dépôts marins et lagunaires, s'étend de la rive nord du Vaccarès jusqu'au
littoral. La zone fluvio-lacustre, issue des sédiments rhodaniens, occupe le
nord du triangle camarguais et descend vers le sud en longeant les bras du
fleuve.
Camargue :
le Mas du Pont de Rousty inondé en octobre 1993
Les milieux correspondant aux deux origines sont déterminés par le jeu
combiné de la salinité et de l'eau. Les profondes modifications apportées par
les aménagements anthropiques conduisent à distinguer deux périodes dans le
fonctionnement hydraulique du delta.
La Camargue avant les aménagements
Le système hydraulique, appelé système Vaccarès, fonctionne naturellement,
dominé par le régime pluviométrique et l'évaporation estivale. Les milieux
oscillent entre des périodes de hautes eaux, avec forte dilution du sel (pendant
la saison des pluies), et des périodes de basses eaux avec augmentation de la
salinité par évaporation (pendant la saison sèche). Des phénomènes brutaux
s'ajoutent à l'alternance saisonnière :
. Les tempêtes marines envahissent régulièrement la basse
Camargue, rehaussant la salinité des milieux laguno-marins.
. Les crues hivernales du Rhône constituent un apport
périodique d'eau douce aux milieux fluvio-Iacustres.
Les divers aménagements vont conduire à une artificialisation quasi totale du
système Vaccarès.
La Camargue après les aménagements
La construction de la digue à la mer en 1859, puis des digues du Rhône en
1869, isole le delta de l'influence des crues et des tempêtes. Ces aménagements
jouent leur rôle dans des conditions moyennes du fonctionnement du système
hydraulique mais n'assurent pas l'invulnérabilité lors des situations
exceptionnelles (exemples des crues de 1993 et 1994). L'installation d'un réseau
complexe d'irrigation et de drainage, débuté en 1940, permet de nos jours un
contrôle du niveau des plans d'eau. L'irrigation agricole, et notamment
rizicole, a engendré des problèmes délicats qui d'ailleurs ne sont pas tous
résolus aujourd'hui.
D'une part, l'eau douce pompée dans le Rhône n'est pas exempte de polluants
divers (produits chimiques, engrais...), qui se retrouvent dans les milieux
naturels par le biais du réseau d'irrigation. Les colatures* agricoles sont
ensuite rejetées dans le Rhône par pompage, quand elles ne sont pas déversées
dans les étangs par drainage gravitaire. D'autre part, la désalinisation des
milieux, engendrée par l'apport d'eau douce des retours d'irrigation, constitue
une menace de banalisation des écosystèmes en place, façonnés par une salinité
naturelle. Les espèces adaptées au sel (halophiles*) tendent à se raréfier,
remplacées par des espèces plus communes (dulcicoles*). Enfin, les introductions
d'eau, douce ou salée, pour les besoins des rizières et des salines se font en
été. A l'inverse des périodes de hautes eaux naturelles auxquelles les espèces
étaient adaptées, et qui se produisaient en hiver (pluies et crues du Rhône).
Ces diverses menaces de déséquilibres écologiques constituent un réel paradoxe
dans un espace aux multiples statuts de protection et de conservation des
milieux naturels.
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