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Génie génétique et biotechnologies
Nous vivons présentement une "révolution biologique" au même titre que s'est produite au début de ce siècle la "révolution physique". Le "génie génétique" constitue un outil d'une extraordinaire puissance né dans les années 70. Nous entendrons par génie génétique, de façon restrictive, le transfert d'un gène d'un organisme à un autre qui naturellement ne pourrait se produire. Ses applications vont de la microbiologie à la santé, par exemple la thérapie génétique. Sans entrer dans le détail, les opérations consistent à prélever un fragment du génome d'un organisme donneur pour l'inclure dans un système vecteur qui véhiculera ce fragment et permettra son introduction dans un organisme receveur. Ce dernier sera modifié, dans certaines conditions, il présentera une propriété qu'il ne possédait pas. Nous l'appellerons organisme génétiquement modifié (OGM). On peut ainsi, fait nouveau et capital faire franchir la barrière d'espèce(1) lors du transfert d'un tel fragment. Par exemple, par des systèmes vecteurs, il est possible d'isoler la séquence codante pour l'hormone de croissance humaine spécifique et de la transférer dans une cellule bactérienne ou animale en culture qui produira l'hormone humaine dépourvue d'éléments dangereux contaminant l'hormone extraite de l'hypophyse humaine provoquant par exemple la maladie de Creutzfeld-Jacob. Ces opérations se généralisent et se banalisent tant pour la recherche, faisant faire à la connaissance des systèmes biologiques une avancée sans précèdent, que pour les applications biotechnologiques qui n'en sont qu'à leur balbutiement. Des questions qui se posent naturellement, sont celles des risques biologiques et des implications éthiques. Les risques biologiques Un risque biologique correspond à la probabilité pour un danger de se manifester dans certaines conditions. Par exemple, un virus strict du bananier offre un danger pour l'espèce bananier, mais le risque présenté par ce virus est faible, pratiquement nul dans le nord de la France, alors qu'il pourrait être considérable dans les pays producteurs de bananes et provoquer une épidémie catastrophique. Ce virus constitue un danger objectif. Or la mise en œuvre du génie génétique a conduit à développer une notion nouvelle en biologie. Le "danger potentiel", c'est-à-dire, un danger estimé comme possible qui n'est pas nécessairement réalisable ou existant. Le danger potentiel est donc lié inversement à l'état de nos connaissances. Ainsi : va-t-on ouvrir "la boîte de Pandore" ? se sont demandés dès 1974 les scientifiques réunis à Asilomar en proclamant un moratoire d'un an. Les craintes manifestées à l'époque se sont révélées non justifiées grâce à l'acquisition de nouvelles connaissances et la maîtrise de l'outil. Il faut ici souligner le degré de conscience et de responsabilité que les chercheurs ont à l'époque et pour la première fois manifesté. Qu'en est-il aujourd'hui ? L'utilisation du génie génétique et des organismes génétiquement modifiés peut être considéré d'une part en milieu confiné (2), recherche en laboratoire et installations fermées de production ou en dissémination, par exemple dissémination des OGM tels plantes ou animaux ayant reçus de façon héréditaire un gène étranger que l'on appelle plantes ou animaux transgéniques. Les applications à l'homme en matière de thérapie génique relèvent à la fois des problèmes de confinement et de dissémination. Nous n'aborderons dans cette partie que des problèmes de l'utilisation confinée. La dissémination d'OGM, donc de séquences géniques pose des risques dont l'évaluation est complexe et bien souvent pose des problèmes d'éthique. L'analyse des dangers et des risques présentés par les éléments du trinôme -organisme donneur, système vecteur, organisme receveur- permet d'établir les dangers offerts par chacun d'eux. Par exemple, le donneur peut être une bactérie pathogène dont le danger objectif est connu. Par exemple, le système vecteur en thérapie génique peut être un rétrovirus ou un adénovirus transportant une séquence telle que celles de gènes codant pour des effecteurs biologiques puissants, alors il s'agit pour des raisons de sécurité, de déterminer le danger potentiel au plus haut niveau. Enfin l'organisme receveur modifié peut lui-même présenter un danger et donc un risque. Ce type d'analyse permet d'établir la nature et le niveau des barrières physiques et des modalités expérimentales qui protègent à la fois l'expérimentateur, la population et l'environnement. Sans pousser plus avant cette analyse, la maîtrise de l'utilisation en conditions confinées du génie génétique et des OGM, est scientifiquement assurée. De plus, un encadrement légal et réglementaire contraint les utilisateurs au respect des règles. Perspectives Il n'est pas possible de faire n'importe quoi, n'importe comment, n'importe où. Cependant il faut souligner que de tels dispositifs sont encore circonscrits aux pays technologiquement avancés. Il est donc tout à fait injustifié de diaboliser le génie génétique en tant qu'outil. L'ostracisme dont certains veulent frapper l'utilisation, par exemple des produits de plantes et animaux transgéniques relève, pour le moins, d'a priori fantasmatiques et archétypaux. Si le problème des conditions expérimentales de contrôle technique dans ce domaine exemplaire dans les pays développés est pratiquement réglé, demeure, de toute évidence, celui noté plus haut des implications éthiques de certaines applications, à l'homme en particulier, et ce en fonction de l'évolution culturelle des principes moraux dans notre société. Plus généralement, il est essentiel de se rappeler que la mise en œuvre d'un objet biologique, a fortiori un OGM, n'est jamais un risque nul. Notion dont nos sociétés prennent conscience depuis peu, et qui acceptée, engage leur responsabilité. L'évolution de la science est inéluctable et inhérente à l'activité cognitive humaine, la maîtrise et le contrôle des risques des applications particulières à l'homme relèvent de choix délibérés et éclairés.
POUR EN SAVOIR PLUS Thérapie genique Les techniques de transgénèse en agriculture. Principes de classement et guides officiels de la commission de génie génétique (MESR). --- 1- Barrière d'espèce
: des espèces même proches au éloignées ne sont pas interfécondables ou
n'échangent pas naturellement de matériel génétique (caractère qui participe à
la définition de la notion d'espèce). Il y a donc une barrière d'espèce à
l'échange de matériel génique. Le génie génétique par des vecteurs appropriés
permet de transférer en faisant franchir la barrière d'espèce un fragment
génomique d'une espèce dans une autre. -Retour- 2- Les expérimentations en laboratoire se déroulent comme chacun sait dans des instruments tels que tubes à essais, ballons de culture, etc... qui sont fermés et constituent ce que l'on appelle le confinement primaire. Si l'opération implique des éléments dangereux, bactéries pathogéniques donneuses ou receveuses, par exemple séquences codantes pour des toxines, vecteurs viraux et rétroviraux, etc... l'expérimentation est circonscrite dans un système dont la complexité de la structure est fonction du risque offert (confinement secondaire). -Retour- dernière mise à jour : 21/03/2018 |
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