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Les enjeux et les défis
Sur les plans politique et économique, la biodiversité est devenue un enjeu majeur, faisant désormais l'objet d'un accord international global, la "Convention sur la diversité biologique". Celle-ci fut signée en 1992 à Rio de Janeiro par 157 pays et la Communauté européenne lors du Sommet de la Terre sur l'environnement et le développement. De même, sur les plans éthique et culturel, la diversité biologique apparaît comme un thème mobilisateur qui permette une meilleure définition de la place de l'homme, de sa responsabilité évolutive dans le monde vivant ainsi qu'à l'égard des générations futures. Biodiversité : un patrimoine La biodiversité, résultat ultime des processus d'évolution, est l'expression de la variété de la vie sur la Terre à tous les niveaux, de l'échelle moléculaire et génétique à celles des espèces, des écosystèmes, des paysages et de la biosphère. L'espèce humaine partage avec toutes les autres espèces un patrimoine génétique et de très nombreux liens écologiques qui forment le contexte dans lequel les sociétés humaines ont développé un ensemble complexe de valeurs sociales, éthiques et culturelles lié à la biodiversité. La diversité biologique constitue un patrimoine naturel et un support vital pour chaque peuple et pays. Les conditions qui ont permis le maintien en vie de toutes les espèces contribuent également à promouvoir et à assurer l'existence des générations actuelles et futures de l'espèce humaine. Les populations ont été constamment tributaires de la diversité biologique pour s'alimenter, s'abriter et se soigner. Les biens vitaux qui sont souvent considérés comme dons de la nature -eau potable, air pur, sols fertiles- résultent du fonctionnement des écosystèmes en bonne santé. Malheureusement ce support vital est fortement menacé. L'activité humaine a fortement affecté la diversité biologique en provoquant de profondes modifications des habitats et des écosystèmes. Si le rythme actuel et la nature de ces perturbations continuent, les générations futures seront confrontées à l'épisode d'extinction le plus sévère de l'histoire de la vie sur notre planète. Car non seulement l'humanité doit s'attendre à perdre des espèces inconnues et invisibles qui pourront fournir des éléments nécessaires pour la santé et le bien être, mais elle risque de voir disparaître des systèmes écologiques qui fournissent des services essentiels au maintien de la vie. Relever les défis posés par la conservation et la gestion de la biodiversité au service du développement durable requiert des décisions politiques et un partenariat de tous les secteurs de la société. La contribution des scientifiques, en fournissant la base de connaissance sur la biodiversité, est, à cet égard, d'une importance capitale. Biodiversité : les niveaux La biodiversité est définie par la Convention comme étant "la variabilité des organismes vivants de toute origine y compris, entre autres, les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques et les complexes écologiques dont ils font partie" ; cela comprend la diversité au sein des espèces et entre espèces ainsi que celle des écosystèmes. La biodiversité couvre les trois niveaux d'organisation biologique : génétique, taxinomique et écologique. Elle comprend aussi les relations et interactions existant à l'intérieur et entre ces trois niveaux hiérarchiques. La biodiversité est dynamique : la composition génétique des espèces change au cours du temps en réponse aux pressions de la sélection naturelle et humaine; la présence et l'abondance relative d'espèces dans les communautés écologiques sont modifiées sous l'effet de facteurs physiques et écologiques.
Un grand nombre d'informations régulièrement publiées sur la biodiversité par les médias (par exemple, le nombre total d'espèces et les taux d'extinction) sont très loin de correspondre à des certitudes. D'autres affirmations telles que : "toutes les espèces peuvent être sauvées", "...nous connaissons la biodiversité existante et savons quelle fonction elle remplit" ou encore que "seuls les pays tropicaux doivent se préoccuper de conserver la biodiversité" sont purement et simplement des mythes. Pour démythifier la biodiversité et réduire les incertitudes la concernant, il faut développer une approche scientifique visant une meilleure compréhension de son fonctionnement au sein des écosystèmes ; notamment, il s'agit de mieux connaître les mécanismes de sa formation, son maintien et sa perte et de réaliser les travaux d'inventaire et de suivi (monitoring) nécessaires pour étudier sa distribution dans l'espace et son changement au cours du temps. Les questions suivantes sont en cours
d'investigation ou de discussion :
Biodiversité : quelles valeurs ? L'utilisation des gènes, d'espèces, de communautés écologiques ou de processus biologiques, peut satisfaire des besoins tels que la nourriture, le chauffage, les remèdes médicaux, l'énergie et le bois. L'utilisation non-destructrice de constituants de la biodiversité peut favoriser d'autres domaines tels que les loisirs, le tourisme, la science et l'éducation. Indirectement la biodiversité peut être un support des activités économiques, entre autres, dans la société. Cette valeur est liée au rôle de la biodiversité dans la maintenance des services de l'écosystème qui soutiennent la productivité biologique, régulent le climat, maintiennent la fertilité du sol et assainissent l'eau et l'air. D'autres valeurs sous-tendues par la biodiversité sont non utilitaires ou passives. La biodiversité peut être considérée comme une valeur d'option, en d'autres termes une prime d'assurance que la population veut bien payer pour conserver la possibilité d'utiliser la biodiversité directement dans l'avenir. Le succès des efforts entrepris pour conserver la biodiversité et l'exploiter durablement passera par une coopération accrue entre les pays et entre divers secteurs de la société. La Convention sur la diversité biologique représente le cadre de cette coopération, et il sera primordial de la développer davantage dans cinq grands domaines au moins. Premièrement, les scientifiques se mettent d'accord sur l'état des connaissances et les incertitudes qui subsistent à cet égard. Les responsables des politiques ne peuvent prendre des décisions judicieuses si les scientifiques leurs donnent des informations contradictoires. Deuxièmement, il faut que ces responsables fassent des choix difficiles sur l'affectation des moyens disponibles pour la conservation. Ils doivent en particulier concilier la nécessité d'investir pour mieux connaître la biodiversité et celle d'agir sans délai pour minimiser les menaces immédiates qui pèsent sur elle. Troisièmement, l'ensemble de la communauté internationale doit mieux s'employer à assurer l'éducation du public dans ce domaine. Ces efforts doivent porter non seulement sur les consommateurs, mais aussi sur les secteurs qui exploitent la biodiversité (agriculture, pêche, foresterie, industrie pharmaceutique et biotechnologie), qui ont besoin d'une meilleure information sur les façons de mieux conserver les espèces sauvages et domestiques. Quatrièmement, le Nord et le Sud doivent parvenir à un accord sur un certain nombre de questions délicates qui ont rendu difficiles les négociations relatives à la Convention. Une certaine dose de bonne volonté sera indispensable pour conclure des arrangements régissant les brevets en matière de matériel génétique et le transfert depuis le Nord de ressources financières et de technologies. Cinquièmement, il faut que les pays se mettent d'accord sur les modifications de politiques macroéconomiques et commerciales destinées à favoriser la conservation et l'utilisation durable de la biodiversité. POUR EN SAVOIR PLUS
Académie des Sciences-Institut de France,
Barbault R.,
Di Castri F. et Younès T.,
Di Castri F. et Younès T.,
UNESCO,
UNEP,
Younès T., |
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